Seconde trilogie du Minot Tiers
Lionel Dupuy, alias Le Minot Tiers, a publié de nombreux essais universitaires sur la représentation de l'espace dans la littérature, notamment dans l'oeuvre de Jules Verne et de Marcel Proust. Et s'il s'est tourné vers l'écriture romanesque depuis plus de trois ans, c'est pour mettre en scène ses questionnements et ses découvertes afin de les partager avec un plus large public en lui faisant vivre des expériences de manière fictionnelle.
Après une première trilogie (1) de tonalité essentiellement vernienne faisant écho aux Voyages extraordinaires et particulièrement à ce Voyage au centre de la terre qui fut fondateur pour l'auteur, cette seconde trilogie très proustienne venant la compléter nous invite à nouveau à un fabuleux voyage dans l'espace et le temps.
Secouant nos habitudes en s'affranchissant des cadres de la narration classique et de la logique cartésienne et se livrant à de nombreuses mises en abyme, l'auteur y offre à nos imaginaires le champ vertigineux des possibles, creusant toujours la question centrale du réel, de sa perception et de sa représentation dans le domaine de la littérature mais aussi de l'art, seul à même de permettre un tel voyage. Un merveilleux voyage s'ancrant néanmoins dans le bucolique piémont pyrénéen abritant la maison de son couple improbable de héros.
Au travers de son infatué et caustique narrateur portant un regard très critique sur ses contemporains et maniant avec humour le second degré, il continue d'y explorer l'acte d'écriture et les mystères de l'inspiration, d'interroger le statut de l'auteur et du narrateur et leur relation à l'histoire comme le rôle des lecteurs. Et, découvrant toujours ses romans dans le temps-même où ils s'écrivent, ces derniers y côtoieront de nouveau avec plaisir ses atypiques personnages de papiers (dont certains incarnent des concepts narratologiques).
1) Des miroirs et des alouettes, L'oncle de Vanessa, La lune, l'étoile et le flocon
Si j'avais consacré un article à chacun des trois premiers romans du Minot Tiers, je regrouperai les trois derniers, Ces cimes bleues de la mer, L'archipel aux quatre parfums et Le son doré des cloches en un seul. Outre que, contrairement aux précédents, ils ont été publiés quasi simultanément, ces trois volumes s'interpénétrant plus encore que dans la première trilogie (via tout un réseau de rappels et d'anticipations) forment en effet un tout.
L'auteur m'a par ailleurs un peu coupé l'herbe sous le pied dans le volume ouvrant ce deuxième cycle car, même s'il laisse certains blancs stimulant l'imaginaire, il y accompagne beaucoup plus étroitement le lecteur dans sa compréhension et son interprétation comme dans l'analyse de sa structure et de son style, réduisant d'emblée mon champ d'investigation. Et ceci d'autant plus qu'il n'y a pas d'intrigue à présenter.
Proposer une lecture personnelle, une perspective singulière et une analyse s'appuyant sur le texte est la raison d'être de ce blog, et son exaspérant narrateur (et double de l'auteur) ne me laisse plus dès lors que la critique à proprement parler, même si, incorrigible, il n'hésite pas à empiéter aussi sur ce terrain en faisant lui-même l'éloge du roman et en anticipant les remarques négatives que l'on pourrait émettre.
Le Minot Tiers a montré dans de nombreuses publications universitaires préalables (publiées sous son vrai nom) (2) que Proust ne s'intéressait pas seulement au temps, son impressionnant cycle romanesque s'enrichissant d’une réflexion sur l’espace. Mais, si la lecture de sa précédente trilogie me semble personnellement nécessaire pour accrocher à la seconde, il n'est nullement besoin d'avoir lu La Recherche dans son intégralité pour suivre ces trois derniers romans.
Tout est une question d'angle, d'optique et d'éclairage, de point de vue, la réalité n'étant qu'une construction mouvante de l'esprit et un «miroir aux alouettes», celle des uns différant de celle des autres. Et ces trois nouveaux romans revisitant l'univers proustien vont analyser en profondeur la représentation du réel de ce célèbre écrivain en illustrant les processus stylistiques lui permettant de traduire sa vision du monde : sa manière de le penser.
L'oncle de Vanessa (deuxième tome de sa précédente trilogie vernienne) ajoutait déjà une note proustienne annonciatrice. Le Minot Tiers y montrait en effet combien la représentation des lieux procédait d’un imaginaire géographique évoluant au cours du temps, les "deux chemins opposés de Combray" se rejoignant finalement par de nombreuses transversales venant transcender cette discontinuité spatiale apparente.
S'attachant aux différents sens qu'il fait communiquer et dialoguer, l'auteur va nous plonger dans le monde des synesthésies proustiennes qui semble aussi correspondre à sa manière de s'approprier la réalité. Dans une même perspective métaphorique (tout pouvant se transposer), il va ainsi jouer sur les correspondances artistiques et visuelles dans le premier opus, riche d'exemples picturaux, tandis que, recourant parfois à des souvenirs d'enfance personnels, il aborde surtout les parfums et les saveurs dans le second. Et il explore le domaine sonore sous toutes ses formes dans le dernier, s'intéressant aussi au destin de ses personnages de papier.
Ces cimes bleues de la mer
L'énigme sans fin, Dali, 1938
Le titre Ces cimes bleues de la mer vient d'une métaphore tirée de A l'ombre des jeunes filles en fleurs qui résume parfaitement l'imaginaire géographique du grand écrivain et s'avère la clef de voûte du livre. Marcel (le double de Proust), visitant l'atelier du peintre imaginaire Elstir, y employait ces mots dans sa description du Port de Carquethuit : un tableau que le narrateur et sa compagne Vanessa vont eux aussi pouvoir contempler. Mais nos deux héros feront la rencontre d'un descendant d'Elstir qui leur montrera le véritable tableau (tout aussi imaginaire) ayant inspiré Proust, et Vanessa - plus tard - celle d'une lectrice amie de la famille de Salvador Dali. Un peintre surréaliste ayant beaucoup travaillé sur les images multiples dont les toiles bien réelles semblent souvent faire écho à ces toiles imaginaires.
Il n'en faut pas plus pour que, toujours accompagnés de leur «matou métaleptique» et de leur «toutou diégétique», le narrateur, qui est aussi un collectionneur passionné de minéraux (ce qui se voit dans son appréhension métonymique des couleurs), et sa compagne (s'adonnant, elle, à la peinture depuis l'enfance) se lancent dans l'écriture d'un roman atypique à quatre mains nous entraînant dans de nouvelles aventures.
Analysant la métaphore proustienne, ce transport d'un monde à un autre, notamment via l'image et ses rapports d'analogie et d'opposition, Le Minot Tiers se focalise donc surtout dans Ces cimes bleues de la mer sur la peinture et la couleur qui permettent à l'art comme à la littérature d'exprimer l'invisible par une sorte de transposition optique du visuel opérant une réversibilité entre monde extérieur et intérieur. Inversant la chronologie et revenant sur son sujet par couches successives, il s'amuse à donner peu à peu des indices, des morceaux du puzzle, afin d'engager le lecteur à remonter à l'origine du roman, à son inspiration, pour en comprendre le sens. Mais les explications redondantes délivrées au fil du récit et l'annonce habituelle que la solution sera donnée à la fin peuvent émousser sa curiosité, même s'il est parfois mis à contribution pour faire quelques recherches sur internet.
Le roman est par ailleurs resserré sur ses quatre personnages qui s'opposent, se reflètent et se dédoublent dans un vertigineux effet de miroir, et on ne sait plus trop qui raconte cette histoire. Si Vanessa est donnée comme la créatrice de ce quatrième roman et des précédents, le véritable auteur ne serait-il pas plutôt son compagnon et relecteur privilégié se chargeant de raconter leur vie et semblant le double du Minot Tiers ? Etrangement, Vanessa (très pragmatique et critique) et lui s'affrontent dans des joutes verbales tout en s'entre-aidant, s'associant comme les deux facettes d'un même écrivain. Quant au chat Axel, très attaché à sa maîtresse, il aime vagabonder à l'instar de son maître rêveur, tandis que le chien (comme paradoxalement Vanessa, cette création du Minot Tiers) semble plus ancré dans la réalité : deux incarnations animales qui sont les deux jambes - ou les huit pattes - sur lesquelles avance ce récit.
Vue de Delft, Johannes Vermeer
N'en déplaise à son narrateur, ce roman pédagogique dans lequel abondent les citations proustiennes s'avère plus proche d'un essai : d'un essai accessible à tous et au demeurant fort intéressant. Les ressorts de l'action romanesque, imprudemment confiés à ce Jupiter diégétique, ne nous entraînent en effet que dans la réalité répétitive et peu palpitante d'un chien ordinaire.
S'équilibrant en deux parties égales comportant douze chapitres impulsant un rythme rapide, la narration est comme toujours rondement menée, les descriptions et digressions explicatives étant compensées par la vivacité des dialogues - ce qui s'avérait d'autant plus nécessaire qu'il ne se passe vraiment pas grand chose. Et le style, délibérément familier et non exempt de jeux de mots plus ou moins foireux, mais aussi poétique et métaphorique - d'une manière parfois un peu surannée rappelant l'écriture proustienne - se fait originalement didactique. L'auteur s'attache ainsi à guider le lecteur tout au long de son roman-tableau à tonalité bleue, l'aidant à en décrypter le sens afin qu'il ne passe pas à côté de sa "précieuse matière". Tout comme un critique d'art le fit pour le personnage-écrivain proustien Bergotte dans La Prisonnière, lui permettant de voir autrement cette fameuse Vue de Delft de Vermeer (3).
3) Grâce à l'article de ce critique d'art, ce personnage écrivain remarque pour la première fois les petits personnages bleus, le sable rose, et «la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune», regrettant de n'avoir pas écrit ainsi en passant plusieurs couches de couleurs pour rendre sa phrase précieuse (Cf extrait)
L'archipel aux quatre parfums
Dans le deuxième volet de cette trilogie, Le Minot Tiers, connectant des lieux, des souvenirs, des parfums et des saveurs, navigue entre des mondes intérieurs et extérieurs «qui communiquent par symboles et songes chaotiquement ordonnés», nous entraînant dans un fabuleux périple dévoilant toute une poétique du territoire.
Et c'est une autre métaphore nous renvoyant à la carte imaginaire de la contre-étiquette d'un délicieux vin blanc issu de son terroir qui intitule ce roman archipélique et labyrinthique à forte tonalité olfactive et gustative placé sous le signe du quatre.
Le roman est ainsi structuré en quatre parties inégales aux parfums singuliers qui correspondent chacune à une saison et combinent deux à deux les quatre éléments. Et les voyages de Vanessa et de son compagnon (pourtant bien casaniers) s'y étoilent dans quatre directions cardinales depuis leur paisible foyer béarnais, à peine perturbé par l'arrivée d'un nouveau voisin un peu intrusif. De courts voyages nous transportant du site préhistorique de Brassempouy à l'île Stromboli en passant par Bucarest ou la côte atlantique états-unienne ... qui nous désorientent d'autant plus que nos héros doutent parfois de les avoir accomplis.
L'auteur, tout en suivant la vie de son héros narrateur et en se glissant insensiblement dans ses rêves, s'emploie à décliner la célèbre expérience proustienne de la madeleine racontée dans Du côté de chez Swann : ce rapprochement de deux sensations qui, dans un processus mémoriel involontaire, fait brusquement voler en éclats les limites spatio-temporelles. Les saveurs et les parfums qui nous attachent à des lieux précis nous renvoient en effet très souvent à notre enfance et la mémoire semble, comme la métaphore, opérer une transmutation du réel. Et tout le texte est lexicalement saturé d'odeurs et de parfums, au sens propre comme au sens figuré (4).
L'archipel aux quatre parfums, ce «récit d'une histoire fictive qui prétend raconter des événements réels», nous permet ainsi d'explorer de multiples géographies de l'imaginaire. Le Minot Tiers, réagençant, recomposant la réalité des lieux, y réinterprète le monde en fusionnant habilement des éléments disparates, réels ou fictifs, abolissant ainsi les «discontinuités arbitraires» de notre esprit cartésien.
4) Odeurs du lendemain ou d'innocence, parfums de prétention ou de connivence ...
La Dame à la capuche
La célèbre romancière Vanessa, un peu enivrée de son succès, semble prendre l'avantage dans ce volume. Invitée à de nombreuses manifestations littéraires et toute à la promotion de son précédent livre qui va être traduit en roumain, comme à l'écriture de son roman suivant, elle apparaît en effet comme la vedette, ramenant son amoureux et admiratif compagnon au second rôle. Mais il ne faut pas trop s'y fier... Outre que ce dernier est manifestement perturbé par la rencontre d'étranges femmes inconnues - qu'il a pourtant l'impression d'avoir déjà vues (ou déjà lues) dans un autre rôle -, ce roman en cours semble de plus en plus échapper à son autrice (ou son auteur).
Le Minot Tiers s'emploie en effet à brouiller tous les repères, rendant habilement très poreuses les frontières du rêve et de la réalité (le premier anticipant même souvent la seconde), et amplifiant encore les effets de double et de miroir. Partant dans toutes les directions, devançant les faits ou retournant en arrière au mépris de la chronologie et variant même les versions, il nous donne parfois l'impression de tourner en rond. Et si on avait déjà des doutes dans le précédent ouvrage, on ne sait vraiment plus qui écrit dans celui-ci. Auteur fictif ou réel, narrateur et personnages se confondent et on ne sait plus «qui est qui», ni qui est le jouet de qui.
Ce roman mouvementé et mouvant avance ainsi en nous désorientant sans cesse. Et on y retrouve avec bonheur l'élan romanesque de la première trilogie, regrettant toutefois ce trop explicatif avant-dernier chapitre qui fait à nouveau sombrer le récit dans un didactisme appuyé, même si l'auteur préserve encore une inconnue pour aiguiser l'appétit de ses lecteurs et l'inciter à lire le volume suivant.
Le son doré des cloches
Prenant de l'ampleur et de la densité, Le son doré des cloches nous propulse vers un ailleurs inaccessible par la magie de l'imagination et des mots, de la métaphore et du symbole. Le titre reprend à nouveau, et très pertinemment, une expression proustienne tirée d'un passage de La Prisonnière (5) où Proust montre que "tout peut se transposer", la sonorité des cloches contenant la "sensation de la lumière" et même des souvenirs gustatifs...
Et si les sonorités mais aussi les silences sont très présents, si Le Minot Tiers file intensément la métaphore sonore et recourt à des citations d'oeuvres non seulement littéraires mais aussi musicales, il s'attache d'abord à cette lumière qui se disperse et se diffracte dans les couleurs que nous percevons. A cette lumière qui cristallise l'invisible et reflétait l'âme du peintre dans ce petit pan de mur jaune proustien déjà évoqué dans le premier volume. Mais aussi, d'une manière symbolique mêlant le sacré au profane, à cette lumière divine de la création. Il nous renvoie ainsi à ces étoiles hugoliennes (6) qui éclairent la route des hommes comme à ces phares, au sens baudelairien du terme (7), qui interprètent le monde et nous guident.
La fin de la trilogie approchant, son héroïne Vanessa a par ailleurs très peur de disparaître et semble en plein désarroi, redoutant de quitter sa maison, ce «lieu de tous les possibles». Mais celle qui semblait parvenue au sommet de sa gloire dans le précédent volet romanesque ne maîtrise pas son destin, même si elle a déjà écrit toute l'histoire avant que ce dernier opus ne commence. Et si la teneur du "je" narratif se précise, on se demande si le romancier-démiurge a vraiment tous les pouvoirs. Ne serait-il pas aussi esclave de ce qui s'écrit en lui ?
6)https://marcel-proust.com/extrait/751
7)https://www.poesie-francaise.fr/victor-hugo/poeme-les-etoiles-filantes.php
8)https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/les_phares
Le récit se scinde en deux parties égales et différentes, la première nous entraînant dans des voyages extraordinaires que n'aurait pas reniés Jules Verne. Après avoir suivi le tracé d'une étoile filante traversant le ciel, nos deux héros accompagnés de leur couple de compagnons à quatre pattes vont en effet se rendre dans un lieu reculé d'Ecosse, dans des paysages irréels, pour récupérer cette météorite venue d'un autre monde sur une plage balayée par les vagues au pied d'une haute falaise. Ou effectuer en amoureux un périlleux périple béarnais en montgolfière. Sans compter les voyages oniriques du narrateur ni les histoires de princesses (ou de femmes de pouvoir) qu'il invente et raconte à Vanessa pour l'endormir en la rassurant.
Dans la seconde partie, s'inscrivant dans un registre plus didactique, l'auteur ne se cantonne pas au décryptage de ce troisième roman mais aborde de manière beaucoup plus large et personnelle tout son travail romanesque. Le lecteur jouit ainsi du bonus d'une intéressante rencontre avec l'auteur de cette double trilogie qui le fait pénétrer dans le monde d'un écrivain-géographe mêlant approche géographique et littéraire et «cherchant l'inspiration au plus profond de lui-même». Dans un monde en marge qui assurément se distingue du monde réel apparent de nos contemporains (envers lequel son narrateur se montre si critique). Et il nous incite ainsi à réfléchir à ces lieux jalonnant notre histoire qui, réinvestis par notre imaginaire, nous construisent, et à explorer ce monde «qui se cache de l'autre côté du tableau, qu'on ne voit pas dans le tableau».
L’imagination se place dans la marge où précisément la fonction de l’irréel vient séduire ou inquiéter – toujours réveiller – l’être endormi dans ses automatismes.»
( Gaston Bachelard, La poétique de l’espace )
D'une impressionnante maîtrise, les deux ambitieuses trilogies du Minot Tiers, tendant à embrasser «le rythme de l'univers», nous donnent ainsi à penser autrement le monde, nous invitant de manière aussi facétieuse qu'érudite à sortir de nos automatismes. Placées sous la tutelle de Gaston Bachelard, dont une même citation s'affiche en exergue de chaque volume, elles sont un hymne à l'imagination qui rend «libre de vagabonder d'un lieu à un autre, d'un monde à l'autre».
Ces cimes bleues de la mer, L'archipel aux quatre parfums, Le son doré des cloches, Le Minot Tiers, La ligne d'erre, mars 2022, 202 p., 196 p. et 198 p.
Le Minot Tiers vit au pied des Pyrénées. Il est le dernier représentant de son espèce. Raison pour laquelle les Éditions de la ligne d’erre ont décidé de lui permettre d’exprimer ses pensées, de relater son histoire, de dévoiler son regard sur le monde.
(La ligne d'erre )
On peut lire les premières pages des trois tomes de cette trilogie sur le site de l'éditeur : II,1 / II,2 / II,3