"Des nouvelles de Kora", de Tassadit Imache

Publié le par Emmanuelle Caminade

Des-nouvelles-de-Kora.jpgMichelle, l'héroïne de Tassadit Imache, qui, enfant, «voulait faire menteuse ou être écrivain» n'arrive pas à écrire d'histoire parce qu'elle ne peut pas mentir, ayant l'esprit hanté par des souvenirs flous et des cauchemars qu'elle ressasse à en devenir folle.

Perdue, à la recherche de son passé et de ses origines, elle interroge sa mère, le seul témoin restant de cette enfance pauvre de fille d'immigré dont on lui cacherait la vérité et sollicite l'aide de son ami Robert qui l'encourage à écrire...


Des nouvelles de Kora est un roman à la structure heurtée semblant se mettre à la mesure de la folie qui menace l'héroïne. L'auteure nous y ballote d'avant en arrière, cherchant à brouiller les frontières, entremêlant l'histoire réelle de Michelle et la fiction qu'elle tente d'écrire, «La fille au beurre rance» ou «Kora» résonnant à la fois comme «le titre du livre» et «le nom de l'auteur».

De même, après avoir entamé une narration classique à la troisième personne, Tassadit Imache conjugue soudain son récit à la première ou à la deuxième personne , désignant tantôt nommément ses personnages ou les masquant parfois derrière un nom générique.


Dans ce récit, elle mène une réflexion complexe sur la construction d'une identité au regard d'un passé, mais aussi face au regard de l'autre et elle nous entraîne dans une méditation sur la parole et le silence, la mémoire et l'oubli, la vérité et l' illusion, le dedans et le dehors, le mystère ou la transparence... Et la recherche de la vérité d' une histoire personnelle semble paradoxalement liée au mensonge, à la fiction littéraire.


Comment «retrouver sa famille et le chemin de sa maison» ?

Se raccrocher à ses racines pour conjurer la peur, retrouver ces «grands absents», «ramener les mots» enfouis «à la surface» ? Mais cette «perpétuelle odyssée intérieure» sur «l'océan originel» est épuisante et il ne faut pas descendre «si profond». «Ce truc gluant, immonde, que les hiboux fomentent des jours et des jours sous leurs plumes et recrachent en pelote», mieux vaut ne pas trop se pencher dessus ! Il y a «des mystères qui doivent rester mystérieux

Il faut «parler avec des gens» pour ne pas «couler au fond du fleuve», affronter «le regard de l'autre» , avoir cette «visibilité forcée du poisson dans le bocal. Un poisson civilisé dont chaque écaille saigne à l'intérieur» .

«Vivre (...), c'est fabriquer de l'oubli et du mensonge».


Ecrire, non «le livre de sa vie», ce qui est dangereux, le charmeur / thérapeuthe pouvant se faire mordre par le serpent du passé et sombrer dans la folie . Mais apprendre à mentir «car les gens ont besoin d'histoires pour revivre chaque matin», «savoir quelle vérité cacher» pour pouvoir inventer. Car bien raconter une histoire c'est «être malhonnête» mais «précis» ou «honnête» mais «flou»...


Personne ne peut «vous donner la paix». Vivre, comme écrire sera toujours «fatigant». C'est un difficile équilibre en construction permanente. Rien n'est jamais acquis : «On cherche tout le temps les clefs (...) panique ou pas...».


Des nouvelles de Kora, Tassadit Imache, éditions Actes Sud, Mars 2009

(Tassadit Imache est née en 1958. Cette écrivaine française a déjà publié plusieurs contes et romans..)

Publié dans Fiction

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I
<br /> <br /> merci c tres gentille<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> salut, svp je veux contacter imache tassadit, c une cousine a moi que je ne connais meme pas; alors si vous pouvais m'aidé je n'oublirai jamais ce geste<br /> <br /> <br />                        merci d'avance   <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Je ne connais ni ne suis en contact avec Tassadit Imache, mais je peux contacter un écrivain qui la connaît. Je lui transmets donc votre message et votre adresse e-mail...<br /> <br /> <br /> <br />