"L'amore necessario", de Nadia Fusini
J'ai un sentiment partagé sur L'amore necessario, le dernier livre de Nadia Fusini – même si l'aspect positif l'emporte -, j'ai la sensation que l'auteur, voulant mener deux sujets de pair, n'a pas su clairement choisir la forme qui convenait...
Dans ce livre, elle analyse le pouvoir de l'amour et s'interroge sur son essence, ce qui aurait pu faire le sujet d'un essai – cette auteure italienne, spécialiste de littérature anglaise, est d'ailleurs plus connue pour ses nombreux essais et traductions que pour ses romans . Mais elle a préféré utiliser une forme fictionnelle, moins érudite et plus intime, pas un roman à proprement parler mais une lettre.
Un choix qui pourrait sembler judicieux car elle fait preuve de beaucoup d'acuité et de finesse dans ses observations et ses réflexions et d'une grande aptitude à l'introspection. Elle sait sonder l'âme de son héroïne, analyser le monde intérieur et mystérieux des passions, déceler dans les comportements des signes à peine perceptibles, déjouer les illusions dont nous nous berçons ...
Elle possède, de plus, une écriture agréable, simple et élégante, qui se lit sans effort.
L'héroïne, en transit dans un aéroport, ressent un impératif besoin d'écrire à l'homme qu'elle aime, parti la veille pour un simple voyage. Désir urgent de se mettre à nu , de dévoiler ce que jamais elle n'a pu ou osé avouer dans la proximité des corps.
Elle se laisse alors porter par ses souvenirs, revivant leur première rencontre et cherchant à comprendre – et à formuler - la force de cet amour qui l'a soudain assaillie.
Et cet intense et ardent monologue se poursuit une fois montée dans l'avion , puis dans la solitude impersonnelle de sa chambre d'hôtel.
Malheureusement, l'auteure introduit peu à peu, et de manière parfois artificielle, d'autres personnages , exempts de chair, qui semblent simplement venir illustrer toute une « gamme » d'amours, hétérosexuelles ou homosexuelles , parentales, filiales ou incestueuses , en mettant en lumière leurs similitudes, leurs contradictions, leur violence et leur ambivalence ( on retrouve bien des thèmes chers à Virginia Woolf). Et on se prend à penser que Nadia Fusini aurait mieux fait d'écrire un essai...
L'auteure retourne ensuite à son héroïne, se concentrant sur sa vie amoureuse, sur les nombreuses et diverses expériences de cette femme moderne, libre et passionnée, égoïste et tourmentée, tantôt esclave, tantôt guerrière, à l'image de ces grandes figures féminines de l'histoire ou de la mythologie.
On arrive ainsi aux vingt-cinq dernières pages, les plus belles, d'une justesse et d'une sincérité profondément émouvante ( à l'exception du court «post-scriptum» maladroit car inutile ).
Et on comprend soudain le véritable sujet du livre. On comprend que cette lettre, cette confession, a deux destinataires : deux absents. On comprend cette urgence de dire quand la seule précarité de l'amour réside dans la mort.
L'amore necessario est avant tout l'histoire d'une révélation posthume, d'un legs, d'une rédemption. L'histoire d'une héroïne enfin née à la vie, et prête à la mort, dans le même oubli de soi, dans le même dépouillement ...
Et, pour raconter ce long et difficile apprentissage de l'amour, de l'amour véritable et nécessaire, il aurait été finalement préférable, à mon sens, d'écrire un pur roman en "travaillant" les personnages secondaires et les situations narratives .
L'amore necessario, Nadia Fusini, Arnoldo Mondadori Editore S.p.A., Milano, 2008, 138 p.
Edizione Oscar, janvier 2009 ( il n'existe pas encore de traduction française )
EXTRAITS
In attesa ( premières pages)
p.7/8
Una cosa così la si capisce d'un tratto, in un luogo qualunque – un aeroporto, ad esempio; in questo bar semideserto, seduta su una sedia precaria quanto questo spazio, con un uomo all'altro capo del tavolo, uno sconosciuto che beve solitario una birra, e l'odore forte mi dà un leggero disgusto, come fossi incinta. È curioso come un luogo estraneo può portarci dentro di noi, così nel profondo, al centro di pensieri che non riusciamo a formulare quando ci aggiriamo in spazi che ci sono familiari. Mi sento sola, e penso che lo sono perché tu non mi tieni, e questa libertà non è che il vuoto della tua presenza, un fatto negativo, in fondo, un'assenza in cui tu mi spingi. Una cosa così la penso adesso, e tale è l'urgenza, che cerco un quaderno e ti scrivo come fossi lontani da tempo, e non da poche ore. Tu sei partito ieri, io parto oggi, per destinazione diverse.
Quel che capisco riguarda l'amore, l'amore di cui a te non piace parlare, perché sei un uomo taciturno, ironico. Hai in sospetto il sentimento; anzi, lo ignori, come fosse una malattia di cui è bene tacere. Sei prudente, ti, in questo.
Scuola d'amore
p. 121/122
Ci sono tempi diversi nell'esistenza umana. C'è un tempo in cui si accampa un diritto al godimento, da nessuno e da niente garantito, se non dalla propria potenza : perché godere dell'altro è la stessa cosa che usarlo, e poco ha che fare con l'amore, l'altro è lì a soddisfarci e basta ... e vogliamo essere adorati per tutto, per le nostre belezze, o bruttezze, per le nostre manie, per le nostre debolezze.
C'è un tempo in cui si pretende la soddisfazione di impulsi doppi, come la rivalità e le ribellione, la gelosia e l'invidia,. Ma aprire le chiuse del desiderio provoca dolore e si soffre si combatte e si odia e si tradisce e si fugge e si rincorre.
C'è un diverso tempo ancora in cui si scopre che l'amore è un' altra cosa, non mira a essere soddisfatto, mira a essere e a far essere l'altro. E non c'è amore senza renuncia, non c'è amore finche non ci si privi dell'attesa del piacere assoluto. In che tempo sono entrata io, quando ti ho conosciuto ?
Ti ricordi i giorni a Lisbona, quando in quella città malinconia ci prese una strana febbre che non riuscivamo a sfogare nell'amore ? Nell'amore dei corpi, intendo ? Quasi che la nostra fosse una passione dell'anima, dell'anima e basta ?
Giravamo tutto il giorno, incantati dalla città. Così profondamente originale, la definisti. Estrema, dissi io; perché sentivo di stare sull'orlo, ma non come se oltri si aprisse un mondo nuovo da conoscere. Piuttosto, come se non ci fosse niente, oltre. E il mondo finisce lì, e non fosse nostro.
(...)