"Un lieu de quatre vents, Una vita nova", Adam Nidzgorski, François-Xavier Renucci
Cet ouvrage publié en 2006 réunit deux titres, l'un français et l'autre corse, semblant attribués respectivement à deux auteurs. Mais il ne faut pas se fier à la couverture de ce petit livre dont seule la reproduction d'une fleur évoquant un herbier annonce la complexité, la spécificité.
Il s'agit au départ d'un modeste bouquet champêtre offert à sa femme corse par un peintre polonais, d'un cadeau qui, longtemps après, fut dupliqué, donné par Adam Nidzgorski à un grand lecteur amoureux de son île natale - où il passa son enfance et son adolescence -, une île exposée aux vents. François-Xavier Renucci l'enrichit de ses textes et, une fois le recueil terminé, eut envie de prolonger Un lieu de quatre vents en y ajoutant des commentaires semblant eux-mêmes réclamer une suite, appelant de ses voeux à Una vita nova, une « résurrection », non pas « napolitaine » mais corse : un titre qui se voudrait parole d'oracle ...
C'est ainsi que de simples petites herbes dessinées avec amour dans un jardin de Monticellu en 1974 rencontrèrent l'amour de la Corse et de la littérature de François-Xavier Renucci, réveillèrent chez lui des souvenirs, des voix et des images, et mirent en branle toute une série de résonances qui ne demandent qu'à ricocher encore : une incitation à écrire tous ensemble «un opéra» (1) tout en en construisant le théâtre. Et c'est pourquoi j'ai eu le désir de donner un écho à cette entreprise un peu folle d'un passionné qui tente lui-même de la poursuivre avec constance sur son blog (2) depuis bientôt trois ans.
Dans ce recueil, François-Xavier Renucci donne donc écho aux belles encres «évidentes et énigmatiques» d'Adam Nidzgorski, de fins dessins à l'encre noire, au tracé sûr à la fois minutieux et épuré, plein de sève : des tiges qui s'élancent vers le ciel et retombent, bifurquent et se déploient, jaillissent et se croisent, s'entremêlent dans un fouillis harmonieux. Le texte poétique en vis à vis qui se déroule en trois séquences peut évoquer un arbre (3): un tronc épais aux fines racines courant sous terre, encadré de part et d'autre de rameaux de feuilles légères.
J'ai beaucoup aimé ces deux excroissances latérales : une présentation aérée en vers libres, des grappes de mots simples et délicats qui épousent le dessin avec fraîcheur, saisissent au vol des bribes de souvenirs d'enfance ou lancent de manière enjouée quelques rêves d'avenir ( surtout dans la dernière séquence) , comme de frêles gouttes de rosée capturées dont le miroitement matinal rend soudain visible la toile. Un texte ménageant aussi une part elliptique et mystérieuse permettant au lecteur de se glisser dans les interstices mouvants du feuillage et de les habiller de son imagination.
J'ai moins aimé le volet central , le passage brutal à la prose , son aspect compact. Les dessins semblent y emporter l'auteur plus loin, plus profond , et le texte se complexifie : il bifurque nettement en deux parties, jouant sur la typographie, entremêlant, brouillant même (4) une multitude de références, cette surcharge appelant le commentaire (5). La partie inférieure, remontant un chemin plus sombre de sang et de mort (6) - toujours au travers des souvenirs de l'auteur, de sa perception d'enfant - semble y «déterrer» l'histoire pour «l'élever», la dépasser dans sa partie supérieure (ce que souligne graphiquement le contraste entre les tailles de polices).
Un lieu des quatre vents se termine par quatre encres très différentes extraites d'une autre série de dessins d'Adam Nidzgorski, des encres au trait beaucoup plus lourd, noir et épais qui semblent renvoyer au volet central du texte de François-Xavier Renucci . Et le dernier de ces dessins dont émergent à nouveau des traits fins et tendus impulsés par la sève retourne, tout comme le dernier volet du texte poétique, à la légèreté pour affronter l'avenir avec un optimisme réjouissant.
Les deux auteurs d'Un lieu des quatre vents expliquent ensuite curieusement la genèse de ce premier recueil à posteriori (7), éclairant certains points d'ombre. Et François-Xavier Renucci justifie alors le deuxième titre de cet ouvrage hybride :
«(...) le désir me vint de lui [Un lieu de quatre vents] donner un "développement". Dans un apparent désordre, j'appariais des extraits de ce texte avec leurs commentaires . J'intitulai le tout Una vita nova ».
1) Une exhortation capitale puisqu'elle clôt le premier texte introductif de Un lieu de quatre vents et est reprise et longuement explicitée dans le premier commentaire de Una vita nova
2) Pour une littérature (et autres arts) corse
3) Une structure rappelant une forme nouvelle adoptée par Raymond Queneau pour ses Morales élémentaires en 1974, date de réalisation de ces encres ( FXR n'est pas insensible aux coïncidence des dates ...) :
La fabrique du pré de Francis Ponge , « peut-être le livre-source principal » pour son propre travail selon François-Xavier Renucci
4) Des caractères italiques renvoyant tant à des titres d'ouvrages, à des paroles rapportées qu'à des citations littéraires, et des citations intégrées sans signe apparent dans le texte de l'auteur
5) Contrairement aux textes des deux autres volets qui ne nécessitaient pas, à mon sens, d'explication : j'aurais préféré que l'auteur laisse le lecteur en habiller lui-même la part de mystère...
6) Tragique des luttes fratricides annoncé par la deuxième épigraphe du livre tirée des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, une épopée sur les guerres de religion qui ensanglantèrent la France
7) François-Xavier Renucci est adepte de la liberté, il ne semble guère affectionner les progressions linéaires ni les sens uniques, un livre se feuillette pour lui dans n'importe quel ordre et il suffit que vous preniez «à droite» pour qu'il ait envie d'aller «à gauche» !
"Incipit vita nova" !(8) Un second livre qui n'aurait pas de sens sans le "livre de la mémoire" qui l'a précédé. Una vita nova, n'est plus le texte d'un auteur réagissant à des dessins, il devient celui d'un commentateur analysant son propre texte sans aucun narcissisme ni la moindre prétention.
François-Xavier Renucci , «comme le vent peut réunir dans un tourbillon improbable» , fait ainsi se rencontrer avec beaucoup d'éclectisme (9) de nombreux éléments épars, littéraires pour la plupart mais aussi cinématographiques, politiques, historiques, montrant comment des apports culturels extérieurs peuvent enrichir un imaginaire marqué par son appartenance à la Corse (10). Il éclaire, ce faisant, la construction de tout imaginaire de lecteur ou d'écrivain résultant de rencontres et d'expériences intimes, de l'insertion dans une société donnée et dans son histoire , de la fréquentation de textes d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui...
J'ai vraiment trouvé passionnant ce deuxième opus qui vous sollicite sans cesse de manière assez ludique, vous incite à commenter vous-même , à «apparier» des éléments tirés de votre propre imaginaire ou stimule votre curiosité, les citations étant forcément incomplètes ou parfois délibérément cachées...Malheureusement, détail matériel qui a son importance, les caractères – sur la taille desquels l'auteur joue - sont dans l'ensemble trop petits et parfois même minuscules, ce qui rend ces vint-huit commentaires d'Una vita nova difficilement lisibles d'autant plus que le choix d'un papier verdâtre sur lequel l'encre trop claire ne ressort pas n'arrange pas les choses. C'est trop d'effacement !
Par ailleurs, s'il a nourri son texte de citations qu'il nous détaille, nous explique souvent de manière tout à fait pertinente, François-Xavier Renucci en passe beaucoup sous silence, s'amusant même à les "trafiquer". Et ce jeu des "citations cachées" est à double tranchant : à l'utiliser trop il peut décourager le lecteur. L'auteur suppose-t-il que ces derniers – qui ne sont pas forcément comme lui professeurs de Français - connaissent encore bien leurs classiques ou se cache-t-il derrière certaines citations ( à moins qu'il n'ait simplement peur de "troubler le miroir magique"...) ? Deux de ces silences portent notamment sur le désir, le plaisir, sur l'éveil parallèle à la sexualité et à la littérature d'un enfant (11) et sur la fascination pour une femme-actrice, Sylvie (12), incarnant sans doute un désir de mots. Il aurait été à mon sens intéressant de développer plus clairement à cette occasion littéraire, la notion de désir - et donc de vie - qui imprègne tout le livre et semble au coeur de la démarche de l'auteur.
Je recommanderais cet ouvrage à tous ceux qui aiment passionnément la littérature (13) , la connaissent bien - ou ont du temps pour combler leurs lacunes sur Google ! - , à ceux qui apprécient et/ou critiquent Pour une littérature corse, le blog de l'auteur dont il m'a semblé un acte fondateur. Sa structure en réseau, parfois très "facebookienne" (14) ne préfigure-t-elle pas la toile ? Pour une littérature corse me semble bien aussi un «lieu de quatre vents», un lieu où des vents contraires soufflent parfois en rafale puis s'apaisent étonnamment, un blog tantôt "squatté", tantôt déserté dont les portes claquent souvent, qui n'est pas encore l'«agora» rêvée mais s'affirme pleinement comme un désir de littérature, un désir de mots. François-Xavier Renucci nous y convie toujours, envers et contre tout, à «una vita nova» ...
8) «In quella parte del libro della mia mimoria dinanzi alla qualle poco si potrebbe leggere, si trova una rubrica la quale dice "incipit vita nova" » , Dante Alighieri, Vita nuova, premier livre assemblant des textes en vers et en prose écrits à différentes époques de la vie de l'auteur et réunis à partir de 1290, l'année de la mort de Béatrice.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vita_Nuova
9) Un éclectisme s'affirmant dès l'épigraphe où se côtoient les paroles d'une chanson d'un musicien contemporain atypique, Dick Annegarn, et l'épopée d'un poète du XVIème siècle , Agrippa d'Aubigné ...
10) Conscient que la Corse, carrefour d'influences, est redevable de multiples apports extérieurs, l'auteur affirme aussi son attachement à sa "Berbérie": "une musique, une langue, une poésie, des coutumes", selon Dick Annegarn
11)http://www.lettres-et-arts.net/histoire_litteraire_19_21_emes_siecles/36-les_poetes_de_sept_ans
12)http://fr.wikisource.org/wiki/Sylvie
13) Un texte qui repose sur les liens et les partage de liens , conduisant à un texte également via un autre texte, un autre auteur ...
14) Ce livre nous fait accomplir une promenade littéraire à la rencontre de Dominique Fernandez, Francis Ponge, Rimbaud via Sollers, Ovide, Héraclite via Clément Rosset, Lewis Caroll, Agrippa d'Aubigné, Edouard Glissant, Balzac, Ghjacumu Thiers, Marie-Gracieuse Martin-Gistucci, Rinatu Coti, Hesiode, Malcom Lowry, Baudelaire, Gérard de Nerval ...
Un lieu de quatre vents, suivi de Una vita nova , encres d'Adam Nidzgorski, texte de François-Xavier Renucci, Albiana, 2006, 100 p.
Un aperçu du travail du peintre Adam Nidzgorski, assez différent des encres présentées dans ce livre
EXTRAITS et REBONDS :
Un lieu de quatre vents
(Premier texte du premier volet)
Lorsque je rencontre Hédi, Adam est là. Il sourit
Au lycée (Saint-Charles à Marseille), dans les couloirs vides, les murs
sont habités des images d'Adam.
La mère et la petite fille
Et dans la cour traversée de vent, au moment de la séparation, Adam
me remet
un jeu
de photocopies
un bouquet
d'herbes
De quoi vous donner l'envie d'écrire le premier opéra pour le premier
théâtre, non ? !
*
"Opéra" :
" L'opéra , une manière (...) de conjurer par la magie du chant les désastres quotidiens de l'histoire"
et aussi une deuxième citation de Dominique Fernandez tirée du même ouvrage, Le voyage d' Italie, Dictionnaire amoureux :
" Le plaisir que cause la lecture de romans en France pourrait être comparé au plaisir que cause l'opéra en Italie, à ceci près que la lecture est une occupation solitaire ( certes), qui requiert l'usage de la raison et demande un effort (pas plus, si on lit couramment , que d'écouter la musique et les paroles, et de regarder le spectacle !), alors qu'on ne jouit de l'opéra que dans la chaleur d'une salle pleine et que cette jouissance est exclusivement émotive (Dominique Fernandez ignorerait-il, pour se montrer si catégorique dans ses affirmations, la jouissance émotive, charnelle, que procure un beau texte ?)
(Premier texte du troisième volet)
Un syndrome, c'est un ensemble de signes qui se réunissent et
dessinent un corps.
Un corps en lutte.
Qu'est-ce que je peux vous dire d'autre ? Tout le monde est tellement
saoul de nos discours, les vôtres, les leurs, les miens. Prenez donc tout
cela pour une petite histoire !
Une petite histoire en miettes.
Comme le vent peut réunir dans un tourbillon improbable, dans le
coin d'une cour, les éléments jetés là,
les feuilles les herbes les journaux les poussières les mouchoirs
tournoyant ensemble
sur eux-mêmes
Ne dites pas que ce n'est rien
*
Des miettes ?
N'allez surtout pas croire
que des oiseaux puissent en effacer la trace
Peut-être pas un cyclone
à l'échelle du CosmoZ
Mais une mini-tornade
qui "brasse et redistribue"
qui "disperse et recombine"...
Ce n'est pas rien !
Una vita nova
8- p. 67
(...) Nous allons vers le FLNC, sur un si joli chemin. Mais je ne crois pas à la fatalité du chemin qui conduit en enfer et dans notre chute nous faisons face à de nombreuses étagères, à de nombreuses cartes de géographie; Un lieu de quatre vents en est une, ou voudrait en être une.
Ce chemin, pour moi (ou pour vous, nous connaissons tous un sentier au-dessus du village, et puis quand bien même nous n'en aurions jamais arpenté un seul, ce ne serait pas nouveau qu'un esprit humain cherche son chemin et le parcoure avec son imagination), c'est aussi celui dont parla, un jour, à la Maison des Association ( bien sûr), Paul Silvani : voici : un cagoulé l'emmène sur le lieu d'une conférence de presse. Il lui tient la main car notre journaliste a les yeux bandés. Vers quoi vont-ils ? Tout le monde s'y attend bien. Il ne reste donc plus - comme véritable lieu et enjeu de cette rencontre - que l'appariement du jeune homme et de son aîné journaliste, l'un au visage méconnaissable et aux yeux penchés vers le sol du petit chemin, l'autre au visage bien connu contemplant le noir du bâillon ( instinctivement j'en fais un muet !), du bandeau.
C'est un peu comme le père perdu du Garçu de Pialat, la reprise de la figure du Grand Chasseur Orion. (...)
alors que celui-ci dormait sur le rivage
Orion se rendit dans la forge
D'Héphaïstos, et là
Prenant un enfant (nommé Céladion), le mit sur ses épaules et
lui demanda
De le conduire
Face au soleil levant.
(...)
*
Affiche du film de Pialat
qui pourrait renvoyer à Garouste :
Orion et Cédalion 1982
Huile sur toile, 300 x 250 cm
10- p. 69
Voici un grand pin
(...) Nous sentons la mer s'approcher aussi lentement que ces pins se déplacent, dans le vent soudain réveillé par le mouvement naturel de nos bras . Ils forment une petite haie très clairsemée de petites touffes hissées dans le ciel bleu. Dilatation de l'âme. Consentement ultramarin. Parvenus au pied du petit escalier, nous gravissons les marches aussi facilement que nous avons descendu l'allée. Nous avons à peine le temps de ressentir de l'étonnement que le parc s'ouvre à nous, tout entier. Tous les pins sont là, flexibles, vulnérables, sereins. Colonnes et piliers nourris de sève infinie, polis par nos regards, insensibles aux écureuils petits, aux frisbees égarés ou rageurs, aux amoureux couchés à leurs pieds sous leur ombre maigre, qui se caressent, main glissées sous les tissus, ces seins, ces reins discrètement cambrés, elle sent très certainement son excitation.
Très certainement
*
VI.
LE GRAND PIN
Isot ma drue, Isot m’amie,
En vos ma mort, en vos ma vie !
(Gottfried de Strasbourg.)
Derrière le château de Tintagel, un verger s’étendait, vaste et clos de fortes palissades. De beaux arbres y croissaient sans nombre, chargés de fruits, d’oiseaux et de grappes odorantes. Au lieu le plus éloigné du château, tout auprès des pieux de la palissade, un pin s’élevait, haut et droit, dont le tronc robuste soutenait une large ramure. À son pied, une source vive : l’eau s’épandait d’abord en une large nappe, claire et calme, enclose par un perron de marbre ; puis, contenue entre deux rives resserrées, elle courait par le verger et, pénétrant dans l’intérieur même du château, traversait les chambres des femmes. Or, chaque soir, Tristan, par le conseil de Brangien, taillait avec art des morceaux d’écorce et de menus branchages. Il franchissait les pieux aigus, et, venu sous le pin, jetait les copeaux dans la fontaine. Légers comme l’écume, ils surnageaient et coulaient avec elle, et, dans les chambres des femmes, Iseut épiait leur venue. Aussitôt, les soirs où Brangien avait su écarter le roi Marc et les félons, elle s’en venait vers son ami.
Elle s’en vient, agile et craintive pourtant, guettant à chacun de ses pas si des félons se sont embusqués derrière les arbres. Mais, dès que Tristan l’a vue, les bras ouverts, il s’élance vers elle. Alors la nuit les protège et l’ombre amie du grand pin.
(...)
14-, p.76
des murs
des immeubles
On n'imagine pas à quel point un mur nu d'immeuble élevé ( plan crémeux ou rosé uni, tout ce qu'il y a de plus plat) posé dans le cadre féerique d'un golfe comme celui d'Ajaccio peut avoir comme effet sur le regard et l'imagination d'un enfant. La surface plane des eaux du golfe,le ciel immense et lisse, la rive horizontale de la rive sud se marient à merveille pour associer cet empilement de briques et d'enduits à la possibilité d'un envol, d'une page d'écriture encore vierge, d'un rêve de voyeur devant la vie d'autrui.
Contemplation longue et patiente, oeil perdu dans ses pensées, monde infini bruissant dans les veines, tous les organes en éveil.
Puissance du regard gonflant et déformant, sans bouger d'un cil, toutes ces surfaces, au gré de ses vains désirs si bien connus.
pressentant violemment la voile
vertige, écroulements, déroutes et pitié !
il lisait son roman sans cesse médité
à se renfermer dans la fraîcheur des latrines sous un golfe de jour pendant du toit
et dans ses yeux fermés voyait des points
l'âme de son enfant livré aux répugnances
(...)
*
Je vous laisse le soin de rétablir les vers à leur place dans leur contexte et me contenterai d'en rajouter quelques uns :
Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor.
Poésies, «Les Poètes de sept ans» - Lettre à Paul Demeny du 10 juin 1871, Arthur Rimbaud
Et peut-être aussi l'envie de rebondir :
Vers les prés le vent cherche noise
Aux girouettes, détail fin
Du château de quelque échevin,
Rouge de brique et bleu d'ardoise,
Vers les prés clairs, les prés sans fin...
Comme les arbres des fééries
Des frênes, vagues frondaisons,
Echelonnent mille horizons
A ce Sahara de prairies,
Trèfles, luzerne et blancs gazons.
(...)
Verlaine, Romances sans paroles, Maline