"Victoire partagée" de Salim Jay
Au-delà des intermittences de l'amour et du spectacle, c'est une histoire de liberté qui nous est contée .
Le narrateur craint de perdre la sienne, mais ne se résigne pas de bon coeur à partager sa compagne qui collectionne les amants !
Bien que le prénom de cette dernière, Faouzi, signifie «la gagnante» en arabe, ce sont, avant tout, les mots qui s'affranchissent des personnages et de l'intrigue.
Dans un long monologue, le narrateur s'adresse à son rival, alliant la distance et l'élégance conférée par le temps désuet du récit à la prise à partie directe de son interlocuteur muet.
Il combine une syntaxe classique et un vocabulaire courant et familier, moderne et technique et se montre inventif, jouant de toutes les composantes du mot et nous rafraîchissant de ses images et formules nouvelles.
Cette langue , à la fois classique et moderne, fluide et chaotique, imprévisible, nous entraîne dans son torrent impétueux et, à l'arrivée, ce sont l'auteur et le lecteur qui se partagent la victoire, les mots étant, peut-être, la seule richesse que l'homme cherche et réussisse, parfois, à partager.
Un roman à recommander à ceux qui privilégient la langue au détriment de l'histoire.
Victoire partagée, Salim Jay, éditions de la Différence, 03/2008
Salim Jay, essayiste et romancier franco-marocain, né en 1951, est l'auteur de nombreux autres ouvrages.
Le blog Les amis de Salim Jay : link