"Celles qui attendent", de Fatou Diome
J'ai été très déçue par Celles qui attendent, le dernier livre de Fatou Diome. Une déception à la mesure des attentes suscitées par son précédent roman (1) et confinant même à l'agacement, tant l'auteure s'ingénie à gâcher son talent.
Fatou Diome y mène pourtant une réflexion pertinente sur l'émigration sénégalaise en Europe grâce à une approche inhabituelle. Elle aborde en effet le phénomène de l'intérieur, par le biais des habitants – et surtout des habitantes – de son île natale (2). Elle y confirme, de plus, l'originalité de son écriture, une langue pleine de verdeur, imagée, concrète et souvent familière, riche de maximes et d'aphorismes rafraîchissants.
Mais ce roman ne fonctionne pas car Fatou Diome a manqué d'exigence.
Elle n'a pas su se contraindre à la rigueur de ce genre littéraire et s'est laissée aller à des débordements stylistiques nombreux. Deux défauts culminant vers la fin du livre, quand elle se met à dévier également de son approche initiale, dans ce qu'il faut bien appeler des dérapages , surprenants de la part d'une auteure qui n'est plus une débutante (3).
Les éditeurs (4) n'ont certes pas vocation à être d'éternels tuteurs mais ce livre a cruellement souffert, à mon sens, de l'absence d'un regard extérieur avisé.
(1) Inassouvies, nos vies , un récit initiatique émouvant et maîtrisé , magnifié par un style vivifiant, dont j'avais fait une critique très élogieuse.
(2)L'île de Niodor, au sud-ouest du Sénégal
(3) Fatou Diome est l'auteure d'un recueil de nouvelles, La Préférence nationale (2001) ainsi que de trois romans : Le Ventre de l'Atlantique (2003), Kétala (2006) et Inassouvies, nos vies (2008)
(4) Flammarion , l'éditeur de Fatou Diome, tout en ne bradant pas ses publications, semble avoir jugé inutile de recourir aux services d'un correcteur fiable et certaines fautes d'orthographe s'avèrent déplaisantes (Ex : "il fallait augmentait", p.28, "taule ondulée", p.42, "clans et tributs", p.47 ...)
Un regard différent sur l'émigration
Celles qui attendent a donc pour thème central l'émigration, un sujet que Fatou Diome aborde par le regard, par le ressenti, d'héroïnes dont elle décrit le quotidien , celui d'épouses ou de mères qui, dans une dignité silencieuse, passent leur vie à attendre des nouvelles et à espérer le retour de leurs maris ou de leurs fils partis chercher fortune en Europe.
Et ce regard s'élargit à une véritable analyse sociologique et critique menée par une auteure sénégalaise ayant vécu une enfance simple dans une communauté villageoise proche de celle de ses héroïnes avant de faire des études et de partir vivre en France. Une analyse qui a pour intérêt principal de montrer que cette émigration n'est pas uniquement la conséquence de la pauvreté d'un pays ou d'un continent et qu'elle est profondément liée aussi aux structures parentales et familiales traditionnelles, induite moins par les solidarités que par les rivalités et notamment par les rivalités inhérentes à la polygamie dans une société où les femmes ne peuvent exister qu'en tant que mères et belles-mères de leurs fils.
Un roman bâtard
Fatou Diome a choisi de traiter par la fiction un sujet qui , au-delà de l'économie, relève de la sociologie, voire de l'ethnologie. Elle a sans doute voulu dépasser l'observation pour faire partager un vécu au lecteur et lui faire éprouver une certaine empathie pour « celles qui attendent ». Mais l'adoption de ce double regard ne rendait pas la narration facile et l'analyse sociologique puis le discours critique prennent sans cesse le pas sur le récit fictif.
Les personnages ne sont pas assez complexes et s'apparentent plus à des archétypes dont les dialogues sonnent parfois étrangement faux, comme un mauvais doublage de série américaine. ( Fatou Diome nous impose d'ailleurs une « happy end » de la même facture ...). A défaut de leur donner suffisamment de complexité, d'individualité, elle nous décrit leurs activités répétitives – essentiellement nourricières et culinaires – d'une manière chronologique assez fastidieuse qui ennuie vite le lecteur et lui rend paradoxalement ces femmes bien lointaines.
Et, plus on avance dans cette chronologie quotidienne, plus l'auteure a tendance a y ajouter un discours militant qui, malgré la justesse des dénonciations et des revendications, n'apporte rien de neuf et paraît totalement déplacé.
Le recours au genre romanesque répondait peut-être aussi au désir de l'auteure de déployer cette écriture littéraire qui lui est spécifique mais, si elle nous offre de nombreux passages magnifiques, elle ne réussit jamais à nous emporter longtemps car elle s'abandonne régulièrement à des débordements stylistiques dont la longueur et la fréquence s'accentuent au fil du récit.
Un style difficile à contenir
Fatou Diome confirme dans ce livre l'originalité revigorante de son écriture – pleinement révélée dans son précédent roman (5) –, une écriture que Serge Koulberg avait caractérisée avec pertinence dans un article intitulé « Fatou Diome Enrichissement en direct de la langue française» (6) :
«un style qui n'hésite jamais à heurter le bon goût et les langues d'écriture académiques mais qui touche à la vie de si près ...»
«une écriture qui recycle toute pensée en maximes et en proverbes, en paraboles.»
(5) Inassouvies, nos vies ( Flammarion 2008)
(6) paru sur le site du journal Mediapart , dans l'édition La critique au fil des lectures,le 20 septembre 2008
Seulement, «heurter le bon goût» n'enrichit la langue française qu'au travers de la nouveauté, de la vitalité, qu'elle lui insuffle et l'auteure semble souvent l'oublier, n'hésitant pas à utiliser de nombreux «tics verbaux», clichés langagiers, tournures convenues et trop familières (7) qui ne renouvellent en rien la langue et donnent à son texte une tonalité ordinaire (8) et parfois même carrément vulgaire (9).
(7) Par exemple : « Bonjour l'action! (p.89), « l'avenir de nos enfants » (p.118), « perdure » (p.126) , " passaient à la trappe "(p.164), « roulées dans la farine (p.249), " gênée aux entournures "(p.283)...
(8) Voir l'extrait n°4, p. 250
(9) Voir l'extrait n°6, p. 269/271
Elle aime, de plus, recourir à des onomatopées un peu ridicules, dignes de BD enfantines (10) et manifeste un goût abusif pour des exclamations trop réitérées qui scandent son récit de manière pesante (11).
(10) Ex: « Et boum! Boum! » (p.35/36, à quatre reprises ), « Ha ha ha! Arghrrr! »(p.85) , "Vroum, vroum ! "( p. 141 à plusieurs reprises )...
(11) Ex: "Amen!" (p.28, 11 fois en moins d'une page ...), « Soif! » ( 3 fois en une demi-page), «"Qu'on nous cache les yeux!" ( p152/153, 5 fois)...
Par ailleurs, si on retrouve avec plaisir cette façon personnelle qu'à Fatou Diome de condenser ses remarques et ses réflexions en des formules imagées, inattendues et judicieuses, elle m'a semblé trop user de ces maximes et aphorismes pour ponctuer une chronique villageoise s'étirant en longueur et je me suis lassée d'un procédé que j'ai fini par ressentir comme un artifice rhétorique.
Des dérapages rédhibitoires
Cet infléchissement du texte vers le discours se concrétise nettement dans les derniers chapitres du livre où Fatou Diome en vient à perdre plusieurs fois le contrôle de son roman.
Changeant brusquement d'approche pour envisager l'immigration vue par les occidentaux, elle se lance dans des discours politiques militants et, semblant s'impliquer un peu trop personnellement, elle s'attaque violemment à la prétendue vision qu'auraient les femmes occidentales des hommes noirs et des femmes africaines.
Le lecteur, d'abord surpris par un premier dérapage sur la politique d' «immigration choisie» de «Sakoussy» (p.231) est consterné quand il voit l'auteure reprendre un peu plus loin , et à deux reprises, des diatribes totalement déplacées dans un roman en exposant des arguments déjà maintes fois développés et avec une autre tenue ...
Pire, à mon sens, s'avère le dérapage sur les femmes européennes. Car ce discours haineux stigmatise avec une violence outrancière ridicule de vieux stéréotypes éculés en recourant à un langage familier et trivial de bas étage sans y apporter la moindre distance ( Voir l'extrait n°6 ).
Il n'est guère dans mes habitudes de formuler autant de réserves sur les livres dont je rends compte et, si je me suis attachée à les étayer précisément - au détriment d'une chronique qui en paraîtra, de ce fait, un peu laborieuse -, c'est que cela me semblait indispensable vu l'ampleur de mes critiques.
Celles qui attendent, malgré ses nombreux défauts, n'est pas un roman indigent et Fatou Diome a déjà prouvé qu'elle était capable du meilleur, aussi ne me reste-t-il plus qu'à espérer que des voix plus autorisées que la mienne parviendront à ses oreilles et l'amèneront à se montrer plus exigeante à l'avenir.
Celles qui attendent, Fatou Diome, Flammarion (août 2010), 330 p., 20 €
" Ce livre a été chroniqué dans le cadre de la rentrée littéraire 2010 en partenariat avec Ulike"
EXTRAITS :
n°1, Prologue p.9/10
Arame, Bougna, Coumba, Daba, mères et épouses de clandestins, portaient au fond des pupilles des rêves gelés, des fleurs d'espoir flétries et l'angoisse permanente d'un deuil hypothétique; mais quand le rossignol chante, nul ne se doute du poids de son coeur. Longtemps, leur dignité rendit leur fardeau invisible. Tous les suppliciés ne hurlent pas.
Silence! En pays guelwaar , on sait se taire avec l'obstination d'un chasseur à l'affût, et si la mutité n'est pas gage de courage, elle en donne au moins l'apparence. L'orgueil est parfois une tenue d'apparat, l'on ne fera jamais des traînes assez longues, tant les égratignures à couvrir sont nombreuses. Dentelle! Qu'on nous jette de la dentelle là où la peau ne compte que des trous, l'illusion sera parfaite. Il y a tant de couchers de soleil qu'on apprécie, moins pour leur beauté que parce qu'ils nous sauvent de l'acuité du regard inquisiteur. Rideaux! Que les rideaux soient opaques n'est jamais un fait du hasard. Les furoncles s'accommodent mieux de l'ombre.
(...)
n°2 , p. 52/53
(...)
Disgrâce, sentiment d'abandon, rancune tenace, ce qui rongeait Bougna instillait en elle l'envie d'une revanche éclatante. Sa blessure d'orgueil, elle la portait comme une dernière grossesse et rêvait d'une délivrance royale.Un jour, se jurait-elle, elle laverait l'affront. Ce jour-là, assise sur sa victoire, elle toiserait son mari et sa coépouse. « Une Guelwaar ne meurt pas l'échine courbée! » clamait-elle, lorsqu'elle croisait l'un ou l'autre de ceux qu'elle appelait ses deux ennemis. Divorcer, elle n'y songeait pas. Où irait-elle avec son abondante progéniture ? Au nom de l'honneur familial, un frère ou un cousin consentirait peut-être à l'accueillir, mais elle savait combien une telle situation était peu flatteuse pour une femme de son âge. Cependant, la peur du scandale n'était pas seule à la retenir. Bougna ne se sentait pas prête à louvoyer entre des belles-soeurs qui, inévitablement, se serviraient d'elle dans leurs propres rivalités. Un tel rôle vous condamne à l'hypocrisie; or, si elle partait s'incruster chez les siens, non seulement elle n'y échapperait pas, mais ce serait le seul moyen de ménager toutes les susceptibilités pour gagner la paix. Et puis, au-delà de toutes ces considérations , elle n'entendait pas céder un pouce de la place qui était la sienne. Trop fière pour prendre la fuite, elle se convainquit qu'elle devait rester et lutter pied à pied jusqu'au jour où elle récolterait les lauriers de son combat.
Tel le fleuve Sénégal, la vie du village coulait ininterrompue, en charriant ses événements ordinaires. On célébrait les mariages dans l'excès, on s'empiffrait, on dansait à s'en briser les chevilles, on manifestait exagérément sa joie à chaque cérémonie, comme pour forcer une réconciliation avec la vie. On baptisait, on enterrait. Les marées rythmaient les journées. On mouillait remontait les pirogues. L'école se remplissait, se vidait, les inscrits étaient plus nombreux à chaque rentrée, mais tous ne revenaient pas forcément l'année suivante. On priait, on espérait, il fallait se convaincre que demain serait meilleur afin de ne pas se laisser mourir. Las de geindre, on rêvait et les rêves grandissaient plus vite que les enfants. Les saisons se succédaient, s'emboîtaient comme des phalanges sur la main du destin. On bêchait, on sarclait. On semait les graines avec fatalisme. On récoltait, peu ou pas. On pleurait de tristesse ou de joie, parce que le coeur a sa propre loi. L'insignifiant pour les uns était grandiose pour les autres. Et rien n'était mièvre, parce que tout correspondait à une sensibilité. Même dépouillé de tout, chacun garde sa palette d'émotions et varie les couleurs de son ciel!
(...)
n°3, p.79
(...)
L'Atlantique caressait toujours les flancs de l'île, mais ne calmait pas toutes les angoisses. Si les oiseaux chantaient le matin, les hiboux hululaient le soir. Le soleil baignait tous les visages, mais n'éclairait pas tous les chemins. Et si l'ombre est reposante, la permanence des ténèbres finit par effrayer. Les jours s'enchaînaient, stagnaient ou fuyaient à toute allure. Les humains s'évertuaient à ajuster leurs pas. On reprenait son souffle, on s'accrochait. Parfois, le moral ployait comme une cane à pêche. Sur l'île, le quotidien n'était pas avare de nuances et la boule de l'existence tournait à sa guise. Mektoub! Disaient les sages et les fous. Et ceux qui ne disaient rien n'en pensaient pas moins. L'Atlantique peut toujours rugir, il ne rugira jamais assez fort pour étouffer l'éloquence des soupirs. Or, ce sont les soupirs qui disent le mieux le poids de la vie.
(...)
n°4, p. 250
Quand « heurter le bon goût » ne donne qu' une tonalité ordinaire ...
(...) Les commères , à l'instar de Bougna, tenaient leur sujet et le mâchaient jusqu'à plus de saveur. Rien ne bornait leur jactance, pas même l'avenir incertain de leurs propres filles exposées aux dangers de leur déluge hormonal. La rumeur enflait, Arame se contentait de fuir les réunions publiques, mais elle n'en pensait pas moins.Vengeresse, elle songeait au futur qui ne manquerait pas de rabattre le caquet à certaines qui, en son absence, dénigraient Daba sans nulle retenue. Cependant, elle ne se faisait aucune illusion, la guigne avait gagné sa demeure et pour longtemps.
Même son mari, pessimiste notoire et rancunier , ne cessait de la houspiller :
(...)
n°5, p. 240 et 316
Un discours politique militant qui n'a rien à faire dans un roman...
p. 240
(...)
Répondre à ces questions, même partiellement, c'est jeter une lumière crue sur les rapports Nord/Sud de notre époque. L'Occident réorganise son emprise impérialiste qui ne s'est jamais desserrée sur l'Afrique. Immigration choisie pour la guerre! Pauvres tirailleurs, choisis pour la mort. Immigration choisie pour l'industrialisation ! Seules les mines et les usines se souviennent encore des étrangers venus porter l'Europe sur leurs échines, pour la sortir de sa misère d'après-guerre. Immigration choisie, aujourd'hui, pour les besoins d'une main-d'oeuvre compétente et peu coûteuse, d'où ce tri sélectif parmi les nécessiteux, priés d'arriver avec la qualification requise ou de déguerpir. Le rejet est criant : une fois le gâteau constitué, les humbles, les pas rentables qui n'ont que leur faim à faire valoir sont sommés de quitter la table occidentale. Et les jeunes Africains, poussés par leur détresse et l'inaptitude des gouvernements censés leur tracer un avenir, affluent, inconscients de ce qui les attend et résignés à leur nouveau statut de cheptel de l'Occident. On nous endort à coups d'aide humanitaire; se réveiller, c'est réaliser que l'Occident n'a pas intérêt à ce que l'Afrique se développe, car il perdrait alors son vivier de main-d'oeuvre facile. D'autre part, si elle veut garder son poids face aux Etats-Unis et à la Chine, L'Europe a besoin d'une Afrique vassalisée. (...)
p. 316
(...) l'Europe! La faim, le froid, le racisme, la solitude, les petits boulots, l'esclavage économique! Les barbelés administratifs autour de la zone grasse Euro. Les antipathiques mâchoires carrées en uniformes, ces petits potentats des frontières qui vous traitent moins bien qu'un chien abandonné à la SPA. La peur au ventre devant les flics de Sarkoland, sommés de tenir les infâmes chiffres du ministère Briceric Nettoyeurs. (...)
n°6, p. 269/271
Quand « heurter le bon goût » tourne à la vulgarité ...
(...) Sûr, elle ne voyait de l'Afrique que ce qui tenait dans le périmètre de son téléobjectif. « La polygamie n'est pas si terrible que ça! » Seule une repue, qui s'était payé son étalon comme son dernier sac Prada et le tenait fermement par la bride, pouvait dégoiser pareilles sornettes. Que savait-elle des rivalités, transmises de génération en génération, capables d'hypothéquer l'avenir de toute une descendance ? Que savait-elle des longues nuits d'ascèse, de l'angoisse, de l'attente et de la frustration, elle qui disposait de son gros nounours onze mois sur douze et le cédait comme on offre une location saisonnière ? Lui avait-on parlé de la propagation du sida, accéléré par le partage de routoutou ? A quoi lavait-elle sa foufounette, pour se sentir hors de danger ? Son ramoneur enfilait-il un scaphandre avant de plonger dans son lac Tanganyika ? Avec les trois marmots attestant de l'efficacité de leur gymnastique nocturne, on se doutait bien que si scaphandre il y avait, son étanchéité ne dupait que les poissons. « La polygamie n'est pas si terrible que ça! » C'était la pire insulte jamais faite aux martyres de cette pratique d'un autre âge.
Madame se disait tolérante! La pauvre chèvre sautillait hardiment sur un champ de mines qu'elle prenait pour des patates douces ! Ses clichés sur la polygamie, la supposée grande famille solidaire, aggravaient sa berlue et la rassuraient, quand toutes les femmes du village ne souhaitaient que sa disparition. Elle, l'Européenne, qui venait saboter le maigre espoir laissé par les âpres luttes féministes. Elle, qui avait le choix, venait en traîtresse dire à celles qui étaient obligées de se soumettre que ce dont elles se plaignaient était très supportable. Quand la dernière des paysannes soulignait sa bêtise, cette aveuglée de l'exotisme clamait son soi-disant amour de la culture africaine et se déclarait ravie d'avoir été acceptée par la famille d'Issa. (...)