"COTTON Peintures : Paroles & couleurs", textes de Norbert Paganelli
COTTON peintures, Paroles & couleurs, superbe ouvrage consacré à Nicolas Cotton est plus qu'un livre d'art : c'est un livre sur l'art dans lequel, au fil d'une visite intelligemment guidée, Norbert Paganelli fait découvrir le peintre et ses toiles, pénétrant jusque dans son atelier pour croiser le geste créateur de l'artiste avec son propre regard sur l'oeuvre en train de se faire, avec son émotion.
Et l'auteur, poète et donc à la fois créateur et spectateur, parvient à approcher cette quête de l'invisible «derrière l'apparence», cette recherche d'un «autre tableau sous le tableau», cette "vérité" oubliée que l'artiste fait surgir. Un livre qui interroge sur l'énigme de l'art tant au niveau de la création que de la perception.
Ce beau livre nous convie à une exposition remarquablement mise en espace, mise en scène par le talentueux – et mystérieux (1) - maquettiste ayant prêté son concours aux éditions La Bouinotte qui joue sur les couleurs, les graphismes et la typographie en parfaite osmose avec l'oeuvre de Nicolas Cotton, reprenant ses ocres primitives et ses noirs ainsi que certains de ses éléments graphiques.
C'est un véritable ouvrage à trois mêlant harmonieusement images et textes dans une pertinente mise en page, un ouvrage dont toutes les composantes dialoguent entre elles pour notre plus grand bonheur.
Le texte riche et varié de Norbert Paganelli "retrace le processus créatif avec ses fulgurances et ses hésitations"(2), répond par des poèmes aux tableaux qui l'ont particulièrement interpellé, questionne l'artiste sur ses sources et sa démarche et rapporte ses propos tout en situant l'oeuvre picturale dans son contexte historique. Et il éclaire le parcours de Nicolas Cotton sans jamais recourir à la facilité, à la lisibilité trompeuse d'une classification réductrice ou d'une progression linéaire univoque. Les nombreux commentaires et réflexions de l'auteur induits par la fréquentation du peintre ou la contemplation de ses toiles et rédigés dans un langage subjectif, poétique et non froid et technique, n'étouffent pas l'oeuvre de l'artiste mais au contraire la laissent respirer, respectant de pair la liberté du lecteur en se contentant de lui ouvrir des pistes.
COTTON Peintures, Paroles & couleurs fait appel à l'intelligence et à la sensibilité, et même à la sensualité du lecteur. D'un format maniable, suffisamment grand sans être lourd, ce livre ajoute à la qualité des reproductions et de la présentation un papier doux et lisse au toucher et un délicieux parfum de livre neuf qui en font un véritable plaisir de lecture. Un beau livre à offrir !
1) Le nom du - ou de la - maquettiste n'est pas cité, pourtant la réussite de ce livre tient aussi à son superbe travail qu'il convient de saluer
2) Reprise de la quatrième de couverture
COTTON Peintures, Paroles & couleurs, textes de Norbert Paganelli, La Bouinotte , Décembre 2011, 130 p. , 26€
Chinoiseries
Tous les poèmes et les reproductions des toiles de Nicolas Cotton qui les ont initiés sur le site de Norbert Paganelli : link
Et toutes les informations sur Nicolas Cotton sur le site de l'artiste : link
ainsi que le site de l'éditeur La Bouinotte : link
EXTRAITS :
AUX origines ETAIT LA TERRE
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque.
A te regarder, ils s'habitueront »
René Char
L a couleur de la terre, cet ocre qui va du jaune au rouge en épousant toutes les gammes de brun, c'est à Lascaux qu'elle me fait immédiatement penser.
Il y a vingt mille ans, des hommes ont utilisé cette palette pour décorer une grotte de silhouettes animales et de mains positive et négatives.
Ils crachaient la couleur ou la soufflaient dans un tube, peut-être aussi l'estompaient-ils avec je ne sais quel instrument : bois filamenteux, mousse, brindilles souples...
(...)
32
COSA MENTAL
Technique mixte sur drap de lin marouflé sur chassis bois
collages actes notariés XVIIème siècle - format 117 x 90 cm
juillet 2005
collection particulière
33
s o u r C E
« La lumière de la terre entra dans l'eau me rappelant soudain l'automne de jadis. »
Juan Rodolfo Wilcock
I l faut que chaque cours d'eau ait une source, un point de départ situé en amont. Elle peut être secrète, elle peut être discrète, elle peut, tout au contraire, jaillir d'une manière ostentatoire mais il en faut une. Peut-on imaginer un seul instant un filet d'eau, si petit soit-il, sans origine ?
Nous sommes sur une terre, nous en parcourons d'autres et nous finissons quelque part. Toutes les fantaisies sont permises entre le départ et l'arrivée, nous pouvons choisir le rythme du voyage et les sinuosités des méandres mais nous sommes limités par ces deux évidences : il y eut un début, il y aura une fin.
La pudeur peut empêcher un artiste d'avouer sa ou ses sources mais ce n'est pas toujours le cas. Nicolas Cotton avoue avoir été impressionné, subjugué même par ce grand échassier au port élégant, d'origine germano-russe que fut de Staël, avec lequel il partage un même prénom.
Son portrait , le plus connu très certainement, est présent dans son atelier. (...)
74
AINSI SOIT ELLE
Technique mixte sur chassis
format 120 x 100 cm
septembre 2008
collection particulière
75
LA NUIT NOUS APPELLE
Technique mixte sur chassis
format 110 x 90 cm
février 2008
collection particulière
LA NUIT NOUS APPELLE
Ne la sous estimez pas elle plus forte
que vous croyez.
Tapie dans la ténébreuse opacité du voisinage,
elle sommeille mais ne dort pas,
elle s’épuise mais ne rompt pas.
Vous ne la posséderez jamais tout à fait,
elle ne vous appartient pas.
Vous deviendrez sa chose et elle n’en saura rien.
Ils auraient dû le dire.
Vous auriez pu en rire.
Elle n’a jamais pensé partir.
Elle vient, sans un mot, de vous laisser sortir.
Vous la rendez, sans le vouloir,
encore plus forte que vous le pensiez.
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