"Sols", de Laurent Cohen
Il faut absolument lire Sols, cet étonnant premier roman de Laurent Cohen qu'il convient de saluer comme un brillant acte de résistance !
Un roman qui résiste au formatage ne serait-ce déjà qu'en ayant contraint son éditeur à modifier son format habituel pour pouvoir mettre en page ce fameux document mi-historique, mi-religieux, dont l'analyse critique à des fins d'édition constitue à la fois l'origine et l'aboutissement de la rencontre des deux héros, deux intellectuels décalés sans doute promis à la folie (1). Présentation disposant «en simultané» leurs ajouts explicatifs respectifs en faisant apparaître les commentaires de l'un dans une double marge et l'appareil de notes du second en-dessous du texte, sur le modèle du Talmud.
Un roman qui refuse également de se soumettre à l'uniformisation annoncée de «notre monde de demain». Erudit, exigeant - ce qui n'exclut pas l'humour ni la poésie -, il met en effet l'esprit et la spiritualité au centre de son sujet, résistant ainsi à «l'idiotie généralisée», à «l'illettrisme» et à «l'avachissement» qui se développent dans nos sociétés modernes et au rationalisme scientifique qui y a même gagné la sphère de la religion (2).
Comme l'annoncent les propos prêtés aux kabbalistes mis en exergue du livre : «Sept ciels (...) séparent l'homme de l'infini. Chacun d'eux constitue un niveau d'être. Chaque ciel est un sol spirituel. Donc une expérience singulière. Une région du destin.» Et ce sont bien ces sols que Laurent Cohen nous invite à découvrir avec beaucoup d'intelligence et de talent.
1) - Les frontières entre l'esprit et cette dernière ne semblent pas en effet nettement délimitées, et "chaque année des universitaires perdent la raison" aux dires de Prosper Taïeb, le psychiatre référent d'un des deux héros dont le gros de la clientèle se compose "d'intellectuels passés au rouleau compresseur de l'époque"
2) L'Ecriture jetée «en pâture à l'Université», la «Parole divine» est devenue l'objet «d'investigations scientifiques» ...
*
La première partie qui occupe un peu plus de la moitié du livre se déroule à l'époque actuelle et sur un temps très court.
Lors d'un colloque à la Sorbonne intitulé «l'âme et le temps», S.G., «un garçon fait de mots» "angélologue"(3) de son état, donne une conférence sur «l'épineuse question de la mortalité angélique» à l'issue de laquelle il est abordé par Loïc Rothman, un historien «expert du régime de Vichy» quelque peu schizophrène, ce qui entraîne ces «deux intellectuels patentés» dans une discussion nocturne plutôt loufoque autour d'un «docteur hermaphrodite» ayant abattu un milicien. Un mois et demi plus tard, une seconde rencontre a lieu entre les deux hommes, le Professeur Rothman portant à S.G. ce carnet ayant trait à l'Occupation - trouvé dans des papiers ayant appartenu à un psychiatre «ami de la Résistance» au cours de son travail de tri aux archives de l'Institut Braque (!) d'histoire sociale - où «apparaissent des mots d'araméen , des versets bibliques» et un mélange de «signes religieux» qu'il ne peut décrypter sans son aide.
Dans cette première partie comprenant sept chapitres , les deux intellectuels se partagent la narration à tour de rôle, se lançant dans de longues digressions qui nous font voyager dans un passé lointain ou expliquant leur parcours personnel dans de larges flashes-back.
Si l'historien athée doutant parfois de son âme se heurte aux limites du rationnel au coeur même de sa discipline ( commençant néanmoins à sortir peu à peu de son cadre (4)) , l'angélologue s'intéresse, lui, aux différentes manières dont cette humanité duelle exprime son besoin de divertissement et d'anéantissement ( dans le sexe, la drogue ou la violence) ou de croyances (5) pour tenter d' affronter sa finitude. Il se passionne ainsi notamment pour tous les mythes, les expériences mystiques et ésotériques et les hérésies religieuses les plus folles. Domaine que Laurent Cohen approche avec brio au travers des peuples disparus et des divers ordres, sectes, confréries ou assemblées évoqués par son héros . Et Wosül, l'épicier tunisien qui côtoie S.G tout au long de sa narration , personnage situé dans «une temporalité passé-futur» atteignant brutalement la fin de «son cycle terrestre», dont l'enterrement réunit toute «une communauté curieusement cimentée par la dissemblance» semble bien résumer le propos de l'auteur.
«L' immortalité est une question de choix, donc de conscience; en principe, nous pouvions tous accéder aux îles des bienheureux où vivent les sages qui ont tué la mort», affirme très tôt S.G. à sa compagne Polly. Et il évoque en conclusion de sa narration ces Sabbatéens (6) qui distinguent «deux lumières en guerre» au sein de l'infini et voient notre monde comme un champ de bataille entre «la lumière avec pensée», génératrice de vie, et la «lumière sans pensée», la «lumière obscure» avant tout destructrice.
3) L'angélologie, discipline dérivée de la théologie s'intéresse aux anges, ces corps célestes d'émanation divine (... à la multiplicité de leurs «signalements contradictoires» et bien sûr à leur mort qui serait «aussi un peu celle de Dieu» !)
4) Il commence à analyser les attributs du Maréchal en termes religieux...
5) "La foi en Dieu (ou en l'homme ou en l'amour, ou en l'argent, ou en l'héroïsme, ou en l'éthique, ou aux astres, ou au progrès scientifique, ou au triomphe de la raison)"
6) Le mouvement Sabbatéen a beaucoup retenu l'attention de Gershom Scholem, historien de la mystique juive auquel se réfère très souvent l'auteur et dans la lignée des travaux duquel ce livre semble s'inscrire ...
*
Le mythe de Kikayon (7) raconté et commenté par ce Juif érudit auteur du fameux manuscrit , déjà présenté dans la première partie, introduit la seconde, la répétition de la remarque qui l'accompagne en montrant l'importance : «Le mythe nous dit que l'homme ne meurt que parce qu'il est passé juste à côté de l'éternité, mais sans la voir, sans le savoir».
Cette transition habile de l'auteur permet de quitter ce qui n'est, en fait, qu'une longue introduction foisonnante au rythme alerte et à la dérision savoureuse (8) pour changer de narrateur et pénétrer au coeur du livre : une seconde partie s'affirmant comme une initiation à un autre monde que Laurent Cohen réussit miraculeusement à nous rendre palpable.
Dans «l'Europe occupée», dans le «Paris des rafles» au sein duquel elle se déroule, on assiste en effet à «l'incursion de l'infini dans le temps humain, dans le temps historique» et l'on peut entrevoir une «géographie céleste» débouchant «dans les rues» de la capitale.
Le texte central, ce récit anonyme d'un Juif du Moyen-Orient sous l'Occupation, annoté, lesté des constats terrifiants de l'historien , semble paradoxalement s'y alléger et s'y élever, encadré et accompagné par les traductions et les exégèses religieuses, par les références à la littérature et à la philosophie ou aux alphabets angéliques de l'angélologue. C'est un beau récit à la tonalité plus grave qui atteint peu à peu une simplicité apaisée et même souriante , une limpidité aérienne : une sorte de détachement , de «déni» des choses terrestres.
Et cette deuxième partie du livre semble matérialiser la «guerre des lumières» évoquée en conclusion de la première, dans l'opposition, le contraste des mots des deux intellectuels qui viennent enrichir ce récit « bâtard » et ne sont en rien un étalage gratuit d'érudition. Des mots qui façonnent les imaginaires, les représentations mais aussi les comportements. Les mots courants du quotidien de l'Occupation, ceux de la propagande anti-sémite, ceux du racisme et de l'obscurantisme, s'y affrontent aux mots rares, à ceux de l'esprit, à ceux qui élèvent . Et les mots religieux n'y sont pas dépourvus de danger, ainsi ceux du réquisitoire contre Dieu mené par Job, «un grand croyant», «un mystique», dont l'interprétation erronée pourrait conduire un lecteur non averti à ne plus croire. Livre biblique de Job au commentaire duquel s'accroche notre érudit Sépharade dans un fascinant acte de résistance employant les armes les plus pures, celles de l'esprit, la seule résistance qui permet à l'homme de survivre. Aussi, ce combat à première vue inégal, qui est aussi le «duel invisible» de l'homme «avec soi-même», voit-il les forces s'inverser...
Caché dans l'appartement aux fenêtres surplombant la rue d'un couple ami - R., un banquier alcoolique et son épouse Hilda,une chanteuse mystique -, ce Juif anonyme n'hésitera pas, indifférent au danger, à faire des incursions à l'extérieur pour trouver les livres dont il a besoin pour son travail. Ni, une fois celui-ci terminé, à tenter de gagner Jérusalem pour l'y faire publier : comme un dernier voyage vers la Terre promise...
7) Kykayon est une «gigantesque créature ailée», l'«oiseau de la foi»
8) allant même jusqu'au détournement de certaines citations érudites
*
La troisième partie, enchaînée avec maîtrise par un auteur qui, ménageant de multiples résonances dans son texte accorde un soin particulier à ses transitions, apparaît comme une "chute". C'est une très courte et surprenante conclusion - bien que longuement préparée - que Laurent Cohen confie avec humour à un étrange personnage secondaire déjà rencontré, un habitué des «purgatoires», de ces «antichambres du lointain» ...
Je me garderai bien de vous en révéler le détail et indiquerai seulement qu'elle nous renseigne sur le sort advenu à nos deux héros, une fois leur tâche achevée. Deux intellectuels qui semblent s'effacer, chacun à leur manière, peut-être victimes de ces mots qu'ils ont été amenés à manipuler. Quant au manuscrit original - seule trace de l'existence de celui qui en serait l'auteur -, ce récit bâtard d'un Juif érudit anonyme qui fut l'objet de leur collaboration et constitue le coeur du livre, il ne paraît pas sûr qu'on puisse un jour réussir à le décrypter : le mystère reste entier !
Sols, Laurent Cohen, Actes Sud, août 2010, 166 p.
Biographie et Bibliographie ( Actes Sud) :
Né en 1966, Laurent Cohen est traducteur et essayiste. Il vit à Jérusalem. Membre de la revue culturelle Eretz Acheret, il a publié des travaux d’exégèse biblique (parmi lesquels Le Roi David, une biographie mystique, Seuil, 2000), plusieurs monographies (dont Michal Rovner. Frequency, Ivory Press, 2009) et des études littéraires (Paul Celan, Chroniques de l’antimonde, Jean-Michel Place, 2000).
EXTRAITS :
I, I, p.11/12
(...)
L'étude régulière et acharnée de ces questions m'accaparait depuis l'âge de seize ans. A l'époque, ma mère et moi logions dans un petit meublé, au fin fond d'une impasse lunaire, où se déroula toute mon adolescence. Parallèlement au lycée, il me semble que je vouais ces années à la recherche d'un véritable sens d'intérêt, voire d'une passion, laquelle donnerait un sens au fait d'avoir à me lever, à consentir aux rites quotidiens, à être. Il est certain qu'à l'époque, je n'aurais pas formulé les choses ainsi, mais concrètement j'appris tour à tour le dessin, la savate, les échecs, jusqu'au jour béni où Romuald, "l'épileptique du cinquième", fit naître en moi l'amour des anges.
La trentaine, à l'aise, Romuald se déplaçait toute l'année, flanqué d'accompagnatrices liftées, mi-infirmières, mi-psychologues. Des professionnelles au service de l'assurance maladie "spécialisées", dévolues aux élites névrosées, voire aux nababs qui s'font dessus, comme me l'apprit encore notre voisin de palier, un veuf stoïque et mal élevé.
De ses voyages, Romuald rapportait des anecdotes, des récits populaires et diverses informations qu'il compilait dans des carnets ; je n'ai jamais su à quelle fin ; mais une fois – je rentrais d'une visite atroce chez le dentiste - , je le croisai devant l'immeuble ; il revenait lui-même d'une "petite île" et , malgré l'anesthésie qui empierrait ma mâchoire inférieure - je ne pus refuser son invitation à monter chez lui.
L'appartement disait d'emblée que Romuald était une sorte d'explorateur ; en quelques enjambées, je fus au coeur d'un fatras de plantes vertes ; puis le maître de maison se déchaussa, tandis que pour ma part j'évoluais vers le salon aux murs couverts de livres. S'y imposait une vaste "littérature de voyage", des atlas, des biographies de conquérants, de rois, de soi-disant visionnaires, de la BD, le National Geographic et un rayon musical face auquel je me plantai. Dans un cadre grossièrement pyrogravé, je reconnus Romuald cerné par de superbes aborigènes, sous un soleil de cendres – lorsque, de la cuisine, il se mit justement à parler de son dernier périple et, plus particulièrement, du "mystère des Zatras"» qui avaient autrefois vécu sur l'île.
Les Zatras, disait-il, formaient en fait une tribu portée disparue vers 1690, et selon diverses traditions locales – amplement confirmées par les chercheurs, précisa Romuald – ils vénéraient des divinités dotées d'un pouvoir très spécial : celui d'accoucher de milliers d'anges à croupetons sur les nuages ... Il revint au salon. Pour échapper aux olives naines et autres piments indigo qu'il disposait devant moi - j'invoquai ma misère buccale. Ici-bas, reprit-il sans s'offusquer - de jeunes prêtresses voulurent bientôt imiter les déesses ; après trois jours et trois nuits d'un gavage rituel, elles s'accroupissaient, imploraient – et le "mystère" s'accomplissait : certaines mettaient au monde des légions de démons, d'autres, des bandes d'esprits protecteurs. Mais la croyance dégénéra ; elle tourna au culte scatologique. Désormais, les femmes de la tribu étaient censées déféquer toutes sortes de créatures surnaturelles. Certains étrons furent adorés, sacralisés. Les mâles s'entretuèrent ou s'exilèrent – et à partir de là, me dit encore Romuald en grelottant, le peuple des Zatras sort de l'Histoire.
Sur ce, il fit une crise d'épilepsie à mes pieds, pulvérisant sirops et soucoupes d'amuse-gueules plus insolites les uns que les autres ; j'alertai Flora, la concierge, dévalant les cinq étages qui me séparaient d'elle, et , par une sorte de zèle stupide, les remontant plutôt que d'utiliser l'ascenseur. Là-haut, Flora n'eut pas l'ombre d'une hésitation : elle se pencha sur Romuald, lui desserra les dents d'un coup sec et, pour qu'il ne l'avale, comme elle trouva le temps de me le dire, lui prit la langue à pleine main ; cette scène d'une violence totale, Flora l'avait agrémentée d'injonctions de son cru. Le sol lui-même avait tremblé – mais "l'épileptique du cinquième", complètement parti, demeurait raide et intraitable.
II,6, p. 148/150
(...) Comme convenu, j'achetai des fleurs : un petit bouquet d'iris bleus. Je pensai à Trakl : dans sa poésie , c'est la couleur de l'âme, de l'aura divine [a]. A la porte de l'appartement où j'étais attendu, je frappai d'abord un coup, puis trois autres. Une femme m'ouvrit, je lui remis mon bouquet, elle me dirigea vers une pièce minuscule, je m'y sentis tout de suite à l'aise. Il y régnait une atmosphère de transition , d'antichambre du lointain. On m'invita d'ailleurs à me tenir prêt, à ne pas défaire ma valise, à attendre. Tout le jour, je perçus des pas, de brefs échanges. J'étais troublé de me savoir encore si près de R. , de Hilda, et plus d'une fois je me vis sortir, prendre le chemin inverse, renoncer, les rejoindre. La femme ne réapparut que vers le soir. Elle me tendit un petit plateau, des fruits, de l'eau, puis se tint sur le seuil ; j'ignorais pourquoi j'étais encore là, mais au lieu de m'en informer je la regardai de biais, et lui dis que, dans mon enfance, j'avais connu des gens qui ne mangeaient qu'en lisant, ce qui la fit sourire. "L'idée ? surenchéris-je en souriant à mon tour. Je vous la résumerai ainsi : la manducation est essentiellement pénible ; elle aliène l'homme, la femme, à ce qu'il y a de plus charnel en eux, et donc de plus futile ; manger ternit l'esprit, voilà pourquoi ces gens ne daignaient se nourrir qu'en méditant des mots profonds, et tout en avalant ils s'absorbaient en des lectures très compliquées ; les plus stricts allaient jusqu'à refuser de mâcher : pour désapprendre le goût, disaient-ils ..." Cette fois, la femme riait ; elle se reprit néanmoins, presque gênée, et j'en profitai pour l'interroger. Mon intention, je l'ai dit, était de rejoindre l'île de Chypre, puis les côtes de Syrie, avant de descendre vers Jérusalem ; tant que j'étais sur le territoire français, mon évasion comportait des étapes fixées à l'avance, des pauses, une logique, et je ne savais pourquoi l'attente durait, en plein Paris. J'appris toutefois que rien n'était changé, qu'on viendrait me chercher, bientôt. Puis sans transition elle demanda : "Et vous ?" tout en désignant le plateau du regard, comme si elle voulait connaître mes positions, mes conceptions en matière de mastication, et savoir si moi aussi je consultais des livres en mangeant. Je choisis toutefois de lui répondre que j'étais né dans une région du monde où Dieu était encore très à la mode, et où ce genre de choses – des hommes qui aspiraient à s'affranchir du boire, du manger... des femmes qui jeûnaient depuis des années... des nourrissons-prophètes... d'insolites pénitents... des saints qui avaient des visions, "voyaient des voix" et recevaient des instructions célestes – n'étaient pas rares. Je ne sais si elle était intéressée ; en tout cas elle ne bougeait pas et, comme j'éprouvais le besoin presque physique de parler, j'évoquai encore des individus qui, voulant sauver leur âme, faisaient des voeux bizarres, dormaient sur des galets, se tenaient sur un pied des jours entiers. La Galilée, par exemple, est pleine d'histoires d'ascètes capables d'escalader la voûte étoilée à l'aide de cordelettes, dis-je encore, ou de jeter des sabres vers les nuages et de s'élever dans les airs, pour retomber tout dépecés sur terre et se recomposer, en un clin d'oeil, face à leurs disciples extasiés. Je lui racontai aussi les soufis efflanqués, ébouriffés, adeptes de l'illumination, que j'avais vus à Tyr, où ils vont parfois vers la plèbe, se tiennent aux carrefours de la ville, sur la place du marché, puis font mine de voler des dattes, des caroubes, un pain de sucre ou des pistaches, s'attirant la fureur des marchands, le mépris des passants, alors même que ces pieux, pour lesquels seul Allah mérite d'être servi, sont dans une expérience mystique, qui est d'en finir avec le tribunal humain, et de se prémunir contre l'estime de la société. (...)
[a]Toute une mystique des couleurs se déploie à travers l'oeuvre poétique de Trakl, où le bleu tient une place privilégiée, souvent énigmatique, à travers des images comme "l'âme bleue", "le souffle bleu de Dieu", "les soucils bleus du Père" et "ses pauvres paupières d'azur", "l'instant bleu" où "tout n'est qu'âme", "l'azur sacré", "les cloches bleues" etc (cf Georg Trakl, Crépuscule et déclin, suivi de Sébastien en rêve, trad. de Marc Petit et Jean-Claude Schneider, Gallimard, coll. "Poésie", 1990 p. 250 et 50; Georg Trakl Rêve et folie & d'autres poèmes, trad. Par H. Stierlin, J. et M. Silberstein, éd. Héros-Limite, 2009, p.31,33,45 et 67) Pour une étude approfondie sur la symbolique des couleurs dans la Kabbale, voir Gershom Scholem, Le Nom et les symboles de Dieu, trad. De Maurice R. Hayoun et Georges Vajda, éd. Du Cerf, 1983, p.151-189.
( commentaire en marge du texte central)