"Murtoriu" (Le glas), de Marc Biancarelli

Publié le par Emmanuelle Caminade

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Murtoriu (Le glas) est le dernier roman de Marc Biancarelli. Ecrit en corse, comme pratiquement tous ses livres, il vient d'être publié au domaine étranger d'Actes Sud dans sa traduction française. Une première éditoriale, semble-t-il !

Les traducteurs ont conservé le titre original qui, en renvoyant implicitement au beau texte en exergue du célèbre roman de Hemingway (1) et en évoquant le "morituri" latin (ceux qui vont mourir), semble  d'emblée  indiquer la dimension universelle de ce roman corse. Un sous-titre intérieur a été ajouté, Ballade des innocents, une oraison funèbre (selon le sens corse de "baddata") en hommage à ces anciens Corses que l'auteur a connus dans son enfance, à leur culture et leurs valeurs, et plus largement à toute cette société rurale mise à l'agonie par la guerre de 1914 : un monde disparu dont l'inoffensif berger corse Mansuetu pour qui sonne le glas est le dernier témoin.    

 

L'assassinat de ce personnage -"emblème  de pureté et d'innocence" incarnant un monde ancien qui n'a aucune chance de survie (2) s'annonce dès les premières pages et Marc Biancarelli nous y conduit de manière inéluctable, prenant acte de la fin d'un monde dont il faut savoir faire son deuil pour continuer à vivre. Car Murtoriu n'est pas un livre uniquement tourné vers la violence et la mort, ni vers le passé, il s'inscrit également dans une dynamique. Dynamique de l'histoire d'une île qui n'en finit pas de mourir, enfermée dans ses dérives et ses contradictions, mais aussi de l'histoire individuelle de son héros et narrateur, un libraire solitaire et écrivain raté dont la vie sentimentale s'est avérée un fiasco : deux histoires parallèles et imbriquées. 

Marc-Antoine est  incapable de trouver sa place dans cette société moderne pervertie par l'argent et l'égoïsme, asservissant les hommes dans un rapport de domination et de soumission. Libraire atypique et poète, il a du mal à accorder ses mondes tant il est  partagé entre sa vie présente, la réalité de ses désirs et de ses révoltes, et ses rêveries habitées par les fantômes du passé ou les créations de son imagination.  

Parvenu à mi-parcours, il se livre avec courage à un bilan dénué de toute complaisance, résolu à se battre pour franchir une nouvelle étape dans sa vie d'homme et d'écrivain. Et l'auteur analyse le rapport de son héros à la langue corse et à l'écriture au travers du lien l'unissant à son père tout en abordant l'histoire de l'île par le biais de «l'autre Marc-Antoine», son ancêtre qui fut soldat à Verdun et dont il porte le prénom.

1) Epigraphe de  Pour qui sonne le glas :

"Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne."

Meditation XVII ,Devotions upon Emergent Occasions, John Donne (prêtre et poète anglais, 1572/1631)

2) Voir les propos de l'auteur sur le personnage de Mansuetu dans  Vae Victis  p.137/138

 

Deux fils narratifs de tonalité très contrastée alternent. Le premier, celui du héros narrateur, mené avec vivacité au présent, prend volontiers le lecteur à témoin avec une dérision caustique et gouailleuse mais il s'infléchit souvent avec sérénité et simplicité dans de nombreuses scènes de communion avec la nature, se transformant parfois en un chant violent et douloureux apostrophant comme dans une tragédie antique la «profonde vérité » de la destinée humaine. Tandis que le second, au passé et à la troisième personne, retrace avec beaucoup de gravité et de sensibilité, d'émotion, cette guerre de 1914, ce cauchemar vécu par "l'autre Marc-Antoine", le narrateur semblant parfois s'identifier avec son ancêtre. Et cette variété de ton ne nuit pas à l'unité, venant équilibrer les tensions contraires qui parcourent ce roman.

Ces deux récits qui s'interpénètrent parfois en inversant insensiblement leurs temporalités s'intègrent dans vingt chapitres suivant peu ou prou le fil des saisons dans une structure spiralaire et digressive épousant les déplacements géographiques, le cheminement intérieur et les rêves de Marc-Antoine, y trouvant une première cohérence. Une cohérence renforcée par les nombreux signes prémonitoires et récurrents dont l'auteur a jalonné son texte pour qu'ils se fassent écho.

Ainsi le meurtre final de Mansuetu est-il annoncé tout au long du roman et la cloche des morts qui sonnera pour lui a-t-elle déjà retenti dans l'enfer de Verdun dont les images  assaillent le héros (3), présageant la vision infernale d'un monde rural dévasté dont l'avant-dernier chapitre nous peint un tableau digne de  Bruegel l'ancien ou des descriptions post-apocalyptique de Cormac McCarthy. Des échos qui ne se limitent pas au tintement du glas mais reprennent aussi une structure descriptive  avec la répétition quasi incantatoire  de «il voyait/je vois».

3) Des images que l'on  peut penser avoir été inspirées en partie par la catastrophe de Furiani

Marc Biancarelli arrive à nous émouvoir en racontant et décrivant avec sobriété et sincérité, au plus près de ses personnages, relevant des détails modestes et significatifs sans rechercher de grands effets. La syntaxe est familière, tenant sans doute à l'oralité première du corse, et  le vocabulaire concret et imagé, parfois presque terre à terre, suggère avec finesse et sensibilité les sentiments du héros.

Tout en gardant une langue alerte, l'auteur paraît avoir abandonné le registre de la provocation jubilatoire des premiers temps pour cette simplicité, cette authenticité qui m'avait déjà touchée dans son dernier recueil de nouvelles Extrême Méridien. Et si l'on trouve encore quelques résidus de la crudité - parfois violente - du langage utilisé pour aborder le sexe, ils semblent s'intégrer dans une autre logique, soulignant les contradictions du héros, illustrant la vision de la femme d'un personnage qui n'a plus grand chose d'humain ou dépassant largement le désir de choquer et de briser un tabou dans l'aventure plus ou moins fantasmée  avec la cousine Lena qui, faisant suite à l'enfer d'une  bataille annonçant la fin d'un monde, traduit bien cette énergie du désespoir, cette explosion de vie quand la mort s'annonce.

    *

  Dans ce roman, des mondes antinomiques s'affrontent : enfer et paradis. Le monde de  «l'âge du pain» de Pasolini et celui du Veau d'or, la douceur angélique d'un agneau sacrifié sur l'autel de la modernité et la violence barbare des malfrats d'aujourd'hui, ultime profanation d'un peuple qui a perdu son âme. Mais aussi l'enfer de la guerre, celle de 1914 qui a rendu exsangues les campagnes de Corse, les condamnant à terme comme celles de nombreuses zones montagneuses isolées dans le pays de Giono ( où l'on pouvait croiser encore, il n 'y a pas si longtemps, quelques bergers ou paysans proches de Mansuetu).

La vision infernale de cette boucherie inutile - dans le très beau passage consacré à la bataille de Côte du Poivre - y côtoie la vision paradisiaque d'une simple partie de pêche au sein d'une nature imposante accueillant l'homme dans son mystère sacré. Et la belle page sur la mort du soldat Paganelli éclaire la violence de la guerre, tandis qu'au terme de cette journée idyllique plane la menace du désastre qui va suivre... 

Cette tension constante entre la beauté et l'horreur, entre le passé et le présent, la présence et l'absence ou le rêve et la réalité, est à mon sens l'aspect le plus fort, le plus bouleversant, de ce roman. Une tension qui traverse tout le livre et est même reprise dans le monde animal. Frottement du monde des vivants et de celui des morts par le biais des objets et des lieux dont on a hérité, par ces fantômes aussi qui peuplent les rêves ou les rêveries.Tension entre la vie et la mort culminant dans le magnifique passage  sur la mort du «Vieux». 

Bien que le sujet soit grave et tienne de la tragédie, Marc Biancarelli n'en abandonne pas pour autant la dérision. Beaucoup de passages font rire.

Ainsi, paradoxalement, le premier épisode qui met en scène  deux malfrats, sorte de pieds nickelés dont on attend à chaque instant le dérapage qui, justement, ne vient pas - et que l'auteur s'ingéniera à retarder nous faisant basculer progressivement du comique dans l'horreur - , un couple évoquant celui de Fargo, le film des frères Coen. La satire des idéologies menant toutes à des dérives totalitaires s'incarne dans un débat avec un "possédé" prénommé Lucifer, envoyant un clin d'oeil à Dostoïevski. Le dialogue avec la statue d'un Bouddha, entamé par un héros déjà bien imbibé qui  cherche à noyer  également son désespoir dans le sexe, s'avère savoureux. Et la liste des femmes séduites, inscrites sur ce fameux carnet par Marc-Antoine, anti-Don Juan pas même capable d'atteindre les "mille e tre", est un petit chef-d'oeuvre d'auto-dérision... 

  *

Murtoriu s'inscrit dans une dynamique  de combat et de rupture qui ne signifie pas pour autant l'oubli du passé, et l'on pourrait parler plus d'une dynamique de superposition que de succcession. Le  passé doit être assumé et non pas oublié si l'on veut avancer et s'en libérer, les peuples, comme les hommes, devant prendre acte de l'écroulement d'un monde afin d'être en mesure d'en bâtir un autre. L'ancien monde ne peut en effet continuer à vivre au sein du nouveau, sauf à la manière illusoire d'une réserve d'Indiens Shoshones. Le combat est maintenant ailleurs, comme l'avait bien anticipé l'écrivain italien Pasolini, et le parcours individuel du héros, imbriqué dans l'aventure collective, illustre cette ré-actualisation du combat dans une même dynamique vitale.

On se remémore alors les dernières et magnifiques paroles du "Vieux" à l'agonie, se battant jusqu'au bout, réclamant encore de quoi écrire «comme un acte final pour triompher de la mort».

Triomphe éphémère de ceux qui vont mourir...

 

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photo de Musanostra

Murtoriu (Le glas), Marc Biancarelli, traduit du corse par Jean-François Rosecchi, Jérôme Ferrari et Marc-Olivier Ferrari, ( Albiana, 2009), Actes Sud, 05/09/2012, 270 p.

 

  Cet article,  publié également sur Mediapart (sans les notes ni les extraits), reprend en la remaniant  ma chronique du 09/01/2011 sur la version originale  de Murtoriu en langue corse.

 

Biographie et bibliographie de l'auteur :

http://marcubiancarelli.blogspot.fr/2010/10/propos-de-lauteur.html

 

EXTRAITS :

(Mis à part le premier, il s'agit de la traduction

des extraits donnés en corse dans mon article précédent )

 

Ch.1, p.11/12

   (...)

  Je veux bien admettre que les concepts dont je vous parle vous refroidissent un peu, vous ne vous attendiez sans doute pas, au moment de lire ce livre, à ce genre de réflexion pénible, mais celui qui refuserait de se familiariser avec ces concepts ne comprendrait pas d'où j'écris. D'ailleurs, celui qui voudrait comprendre cet observatoire du monde qui est le mien devrait commencer par accepter d'oublier pour un moment, comme l'a écrit le Malien Bakar Salif, non seulement ce qu'il est , mais tout ce qu'il sait.
Celui qui attendrait une explication plus cartésienne des notions dont j'ai parlé plus haut en serait aussi pour ses frais, car je ne mentionne ma position que du point de vue de la liberté absolue, et rien ne peut être rationnel et bien pensé si le jugement du lecteur est influencé par les paramètres que j'ai décrits tout à l'heure ou si des critères normatifs foireux appliqués à un raisonnement qui n'en est pas un conduisent à une lecture idiote. Rien de ce qui va suivre, en fait, rien de ce que je vais vous expliquer de moi ou de l'univers depuis lequel j'écris ne me paraît rationnel ou raisonnable. Rien ne rentrera dans le cadre des écoles de philosophie ou d'éthique que vous avez rencontrées au cours de vos études, et quand je vous demandais d'oublier ce que vous êtes, juste un instant, c'était bien vos écoles que je vous demandais d'oublier, celles où on vous a appris tant de choses inutiles, et aussi tant de choses utiles pour vous conforter dans la croyance que seul le centre pouvait vous apprendre autre chose, afin que vous vous embourbiez dans vos connaissances sans jamais avoir la plus petite idée de l'étendue de votre soumission.
Je vous demande enfin de cesser de vous comporter comme un rustre au moment de commencer la lecture de ce livre. Je vous demande de ne pas m'offenser par votre présence importune dans ces pages. Elles ont nécessité suffisamment de souffrance pour qu'il me soit épargné vos commentaires de casse-couilles, ou pire, de laquais. Alors je vous demande seulement, une fois éclaircis ces deux ou trois points importants, de vous taire et d'écouter.
Plus tard, je vous dirai encore quelque chose de mon point d'observation mais, en attendant, écoutez, écoutez donc.

  Ch.7, p.96

       (...)

   C'était le milieu de l'après-midi. Un mince nuage traversait le ciel et assombrit le soleil un instant. Puis il disparut comme il était venu, dévoré par l'immensité d'azur, signe qu'il y aurait du vent dans les prochains jours. Le soleil réapparut, souverain, altier, mais il commençait à décliner sur les monts : il fallait partir. Les derniers rayons résistaient et venaient mourir contre la forteresse, faisant se parer la pierre d'un éclat rouge d'une beauté étourdissante. Il me semblait atteindre le moment de la plus haute quiétude, une heure de solennité, et c'était sans doute vrai. J'aurais voulu que cette paix soit celle de toute ma vie, qu'elle se maintînt à jamais. J'aurais voulu que cette harmonie s'éternise, que pensant à ce jour-là, je pusse à l'avenir la ressentir encore, quelle me fût un viatique pour ce qui allait suivre. Ce qui allait suivre ? L'enfer. Je le sentais. Quelque chose me le disait.

 

Ch.11, p.144/145

      (...)

 Quand je suis comme ça, planté en pleine campagne, je ne peux m'empêcher de penser au Vieux. C'est là, pendant ces moments de solitude complète, seul face à la supériorité des éléments, que je ressens le plus sa présence. Ce rocher sur lequel je suis assis fut le sien. C'est lui qui m'a fait découvrir les postes par lesquels je venais de passer et c'est lui encore qui, à l'époque, , m'avait fait les recommandations que je venais moi-même de donner. Ce fusil aussi était son héritage et mon bien le plus précieux. En fait non. La maison des Sarconi m'était bien plus précieuse. Il était parti et m'avait légué un toit et ma librairie qui valait sûrement plus que ce fusil. Il s'était tué à la tâche et m'avait assuré un endroit pour gagner ma croûte à mon tour. Et ce fusil, pourquoi me paraissait-il si important ? Pourquoi le sentais-je si proche et si lié à moi et à mon destin ? Et cet endroit, combien de pas d'hommes armés avait-il eu à supporter depuis des siècles ? Avant le Vieux, il y avait eu son vieux à lui, ce grand-père que je n'avais pas connu mais dont je portais le nom. Lui aussi s'était assis là pour fermer la battue. Et peut-être que mon père avait pensé à lui exactement au même endroit et dans les mêmes conditions, se sentant lié à lui de la même façon, le fusil chargé porté sur ses genoux, le regard perdu. Ce matin-là, en attendant le sanglier, j'ai pensé au Vieux ainsi qu'à Marc-Antoine l'ancien, quand il n'était pas encore un vieux. Le fusil contre moi, j'ai pensé à eux, à leurs sacrifices et à leurs combats. A ce fil qui nous relie. Je me suis souvenu à quel point ils étaient durs et ce qu'ils avaient dû endurer pour être comme ça. Je ne crois pas que j'avais ce fusil entre mes mains pour montrer ma force ou affirmer ma virilité, je ne crois pas qu'on doive faire le malin parce qu'on est armé, toutes ces foutaises. C'était une manière de montrer ma reconnaissance à ceux qui m'avaient précédé et n'avaient jamais fait les malins avec un fusil. Ma présence sur ce rocher qui m'usait les fesses n'était autre qu'un hommage, un témoignage de fidélité. La battue et les sangliers, je n'en avais rien à faire ! Ma présence n'était qu'un acte de respect et d'amour, comme quand, dans le temps, j'écrivais un livre juste pour envoyer un message d'amour au Vieux.

   (...)

Ch.15, p.206/207

      (...)

     Oui, ils l'ont fait : la côte du Poivre est tombée le 15 décembre 1916, et le sergent-chef Cianfarani risque enfin un coup d'oeil vers le flanc de la colline qu'ils ont gravie au milieu des barbelés et des tirs de mitrailleuses. Des centaines de corps recouvrent le terrain entre les deux positions ennemies. Des centaines d'hommes jetés à terre, brisés, réduits à néant. Et il voit aussi le va-et-vient des brancardiers, il voit la fumée, les feux allumés par les explosions, et les blessés qui rampent, et les trous d'obus, et les troupes de renfort qui montent en file comme des insectes pour rejoindre la crête. Il voit l'enfer qu'il a traversé, il voit les morts mêlés les uns aux autres dans un fleuve de sang. Il voit cet enfer, il l'a traversé et il est vivant.

      La nausée. L'incompréhension. Le sentiment d'injustice. L'épouvante. La culpabilité. Il est vivant. Combien de vies a-t-il pris au cours de cette journée ? Combien de camarades sont-ils tombés autour de lui ? Combien d'horreurs a-t-il vues ? Combien de crimes a-t-il commis. Il est vivant. Depuis cette colline jusqu'à chez lui, combien d'avis de décès sont-ils déjà en route ? Combien de familles frappées et meurtries ? Et lui, vivant, insignifiant mais vivant, et fier soldat et sergent-chef, et témoin du chaos, vivant, mais pour le moment, jouet du destin, hier berger, aujourd'hui meurtrier de sang-froid qui a traversé l'enfer et qui en porte l'habit. Et déjà il lui semble entendre les cloches sonner le glas dans son village, les gens qui tombent de désespoir, qui se jettent dans le ravin, les enfants sans soutien. Il entend le glas sonner, qui fige les campagnes, et il voit les gendarmes arriver, tenant à la main les télégrammes bleus qui annoncent eux-aussi la mort, la mort sans fin, et qui disent la boucherie de Dieuze, qui disent les massacres des Eparges, et qui disent le désastre de l'Argonne, et qui racontent les tueries de la côte 304 et du Mort-Homme, et le carnage de ce jour, et tous ces avis de décès envoyés vers sa terre lointaine , qui lui annoncent la fin de tout, la fin du monde, et il est vivant, alors que tous les autres qu'il connaissait, tous ceux qui chantaient avec lui dans le train du départ, tous sont mort. Paganelli, mort, le sergent Colombani, mort, le séminariste de Bastia, tombé en Argonne, tous sont morts et ceux qui vivent encore sont en enfer et vont bientôt mourir. La fin, la fin est là. Et le glas qui sonne là-bas dans les terres.

 

Per pidèlavi spiegà

Ùn vale carte nè penne

Lu sangue curria à fiumi

Corsi è Alumani insieme

Publié dans Fiction

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K
<br /> Je note le lien du billet, pour les traductions en français.<br />
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R
<br /> Une certaine radicalité, semble-t-il, dans cette écriture ; voilà ce que m'inspire ton article. Et je l'aime bien, cette radicalité certaine.<br />
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